Traversée de Bellevue (GE) à 30 km/h

Pacifier la circulation et valoriser le cadre de vie sur un axe principal

La traversée de Bellevue a récemment bénéficié d’une requalification urbaine ambitieuse : limitation à 30 km/h, plantation d’arbres, installation d’une berme centrale, création d’un revêtement phonoabsorbant, et intégration sécurisée des piétons, cyclistes et stationnements.

Si la modification du droit routier fédéral portée par les partis conservateurs et le conseiller fédéral en charge des transport Albert Rösti devait entrer en vigueur, des projets comme la requalification de la traversée de Bellevue deviendraient pratiquement impossibles.
Cette réforme vise en effet à interdire, ou du moins à restreindre fortement, l’instauration de 30 km/h sur les axes principaux, remettant en cause l’avenir même de ce type d’aménagements pourtant plébiscité par les villes et les communes.

Objectifs et enjeux

Le projet s’inscrit dans les grandes orientations cantonales (LMCE – Loi sur une mobilité cohérente et équilibrée, Plan directeur cantonal 2030), communales (plan directeur communal) ainsi que dans le Projet d’agglomération du Grand Genève soutenu par la Confédération.

Il vise à améliorer le cadre de vie et la cohérence territoriale, tout en renforçant la sécurité des usagers vulnérables. Il contribue également à réduire le bruit routier et la pollution, à limiter les îlots de chaleur, à permettre l’accessibilité des commerces et lieux de loisirs et à garantir une mobilité accessible à toutes et tous dans le respect de l’environnement.

🟩 Usagers vulnérables au cœur du projet

La requalification de la traversée de Bellevue a été pensée pour les plus fragiles : enfants, aînés, cyclistes ou utilisateurs de trottinettes. Des cheminements plus lisibles, des traversées sécurisées et une vitesse limitée à 30 km/h créent un cadre rassurant et inclusif. La présence de ces usagers dans l’espace public témoigne du succès du projet.

Aménagements réalisés

La commune de Bellevue a profondément transformé la traversée de son village en requalifiant un axe principal autrefois dominé par la circulation motorisée. La vitesse y est désormais limitée à 30 km/h, ce qui a permis d’apaiser le trafic et de redonner de la place aux piétons et aux cyclistes.

Sur le même sujet, lire « Versoix, traversée de localité à 30 km/h, plus de place pour la mobilité douce »

Versoix (GE) à 30 : des trottoirs élargis, plantation d’arbres, cohabitation piétons-cycliste et circulation apaisée (Rue de l’Avenir)

L’aménagement associe plusieurs mesures : plantation d’arbres qui structurent l’espace public, création d’une piste cyclable, organisation du stationnement sur la berme centrale et élargissement des cheminements pour les piétons. L’ensemble confère au centre du village un caractère plus convivial et plus sûr, en particulier pour les usagers vulnérables, tels que les aînés, les enfants à vélo ou à trottinette.

🟩 Berme centrale et sécurité environnementale
L’élément structurant de l’aménagement est la berme centrale arborée, qui accueille le stationnement et renforce la sécurité des traversées. Elle joue aussi un rôle environnemental : réduction des nuisances sonores grâce à un revêtement phonoabsorbant, plantation de plusieurs dizaines d’arbres, et mise en place de bassins de rétention inédits dans le canton pour limiter les risques en cas d’accident impliquant des matières dangereuses.

Objectifs structurants

L’aménagement vise à pacifier la traversée de Bellevue, avec une vitesse limitée à 30 km/h, tout en conservant la capacité pour les transports motorisés et publics, ainsi que le stationnement.

Les arbres plantés et l’espace fluide sont pensés pour harmoniser l’espace public, améliorer la sécurité des modes doux, et renforcer l’identité visuelle du centre de Bellevue.

Cette intervention s’inscrit également dans le Plan directeur cantonal Genève 2030, qui met l’accent sur la valorisation des espaces publics, le développement de la mobilité douce et le renforcement du cadre de vie urbain.

🟩 Un axe principal à 30 km/h : un choix structurant

La décision d’instaurer le 30 km/h sur un axe majeur – la route de Lausanne – est un geste urbain fort. Elle illustre la volonté du canton et de la commune d’apaiser la circulation et d’améliorer la qualité de vie, malgré des critiques persistantes au niveau fédéral. Bellevue devient ainsi un projet emblématique, qui ouvre la voie à d’autres requalifications similaires dans le Grand Genève et ailleurs en Suisse.

Route nationale et coût de l’ouvrage

La route de Lausanne est la Route principale 1 depuis l’ancien réseau des routes nationales suisses. Cet itinéraire relie Genève à Kreuzlingen en traversant notamment Lausanne, Berne, Zurich, etc.

En territoire genevois, cette voie porte des noms locaux selon les tronçons : « rue de Lausanne » en ville de Genève, puis « route de Lausanne » jusqu’à l’entrée de Versoix, ensuite « route de Suisse », pour revenir parfois à « route de Lausanne » dans le canton de Vaud. Ainsi, la dénomination RN 1 (Route principale 1) reste la classification officielle, même si, dans l’usage, on emploie le nom « route de Lausanne ».

Voir dans la photothèque de Rue de l’Avenir l’album de 73 photos « Traversée de Bellevue GE à 30, apaisement de la circulation et cadre de vie »

Le coût de l’ouvrage est d’environ 11 millions de francs avec un cofinancement fédéral d’environ 35 % dans le cadre du projet d’agglomération de deuxième génération.

Cette réalisation fait partie d’un projet plus grand, le réaménagement de la route du Lac entre Lausanne et Genève, réalisée par étapes et soutenue par la Confédération dans le cadre des projets d’agglomération.

🟩 Requalification de la Route Suisse (RN1/RC1) dans les projets d’agglomération³

La transformation de la Route Suisse est un projet d’agglomération de longue haleine visant à pacifier la circulation entre Genève et Lausanne et la rendre plus sûre et agréable pour tous les usagers.

Ancienne voie reliant Genève à Lausanne, la route Suisse était, avant la construction de l’autoroute A1, l’une des voies vitales pour la circulation sur les rives du lac Léman. Elle est restée par la suite une voie de circulation à grand gabarit, ce qui ne garantissait pas un niveau de sécurité satisfaisant pour l’ensemble des usagers, en particulier les piétons et les cyclistes.

Trois étapes se succèdent depuis 2017 :

• Étape 1 : requalification des tronçons à Versoix et entre Mies et Founex (PA1, mesure 12-15).

• Étape 2 : travaux en cours sur les tronçons Bellevue–Genthod et Founex–Perroy, avec aménagements pour piétons et cyclistes en traversée de localités (PA2, mesure 12-16).

• La 3ème étape de requalification de la Route Suisse sur les tronçons de Prangins et Gland est inscrite au Projet d’agglomération 4 du Grand Genève (mesure 12-28), déposé en juin 2021 auprès de la Confédération.

  A plus long terme, 4 secteurs resteront à requalifier dans le canton de Vaud : Nyon-Colovray, Crans-près-Céligny, Dully-Bursinel, Perroy.

Ces interventions marquent une évolution majeure : meilleure répartition de l’espace entre les modes, sécurité renforcée pour la mobilité douce et amélioration du cadre de vie le long du Léman.

Circulation en recul constant

Contrairement aux idées reçues, la route de Lausanne / Route Suisse n’a pas absorbé de circulation supplémentaire de l’autoroute A1. Au contraire, les données du guichet cartographique vaudois indiquent une baisse nette : de 17 200 véhicules par jour en 2015, la circulation est tombée à 10 660 en 2022, à la limite entre Genève et Vaud.

Cette évolution traduit l’effet positif des requalifications menées dans le cadre des projets d’agglomération successifs du Grand Genève, cofinancés par la Confédération. Elle répond aussi aux objectifs des autorités locales, cantonales et régionales : réserver la route de Lausanne aux déplacements locaux et régionaux, tandis que le transit est assuré par l’autoroute A1 parallèle.

Sources : 

Compilation de divers sites, canton de Genève, ³Grand Genève, commune de Bellevue et Tribune de Genève, avec l’aide de ChatGPT