Répercussions de la limitation à 30km/h sur les transports publics
Recommandations pour des transports publics attractifs
La limitation de vitesse à 30 km/h ne freine pas les transports publics (TP). C’est à cette conclusion qu’aboutit une étude réalisée par Metron Verkehrsplanung AG, sur mandat de l’ATE Association transports et environnement. Elle révèle que le 30 km/h influence le temps de parcours des TP, mais que ces effets sont faibles et qu’ils peuvent être corrigés ou supprimés par des mesures appropriées.¹
Les limitations de vitesse à 30km/h se généralisent et concernent de plus en plus d’axes où circulent des bus ou des trams.
Alors que l’utilité des réductions de la vitesse n’est plus à démontrer, leurs incidences sur les transports publics est souvent au cœur des discussions.
Cette étude présente l’état actuel des connaissances dans le domaine, ainsi que les pratiques de planification en lien avec l’impact du 30 km/h sur les transports publics. Elle s’appuie sur une étude de Metron Verkehrsplanung AG, pour laquelle les auteurs ont compilé et analysé les études et la littérature existantes, en ont fait la synthèse et ont formulé des ébauches de solution²
Le 30km/h et les transports publics: le principal en bref
La limitation de la vitesse à 30km/h dans les localités et une bonne desserte en transports publics (TP) sont des aspects centraux d’une mobilité à la fois durable et respectueuse de la qualité de vie. En effet, la limitation à 30km/h améliore la sécurité routière et la qualité de vie, tout en rendant la circulation plus fluide. De même, des TP étoffés offrent de bonnes garanties de fiabilité, de liaisons directes et de disponibilité. La clarté de l’offre, l’attractivité des temps de parcours, ainsi que le confort des usagères et usagers sont également des critères importants.
Quels sont, aux yeux des entreprises de transports, du public ou des autorités politiques, les aspects déterminants dans la question de l’influence du 30km/h sur la qualité des TP? En cas de projet de 30km/h sur un itinéraire des TP, c’est principalement l’impact sur le temps de parcours qui fait débat. Théoriquement, l’allongement du temps de parcours se calcule sur la base du temps d’arrêt à chaque station, du processus d’accélération et de la distance entre les stations. La réalité sur le terrain est cependant bien plus complexe et influencée par plusieurs facteurs (voir le graphique ci-après).
Généralement, les bus et les trams circulent à une vitesse nettement inférieure à la limite autorisée. Ils atteignent rarement la vitesse maximale autorisée ou sur de courts tronçons seulement. Par conséquent, l’allongement théorique du temps de parcours ne s’exprime que très faiblement dans la réalité – en particulier aux heures de pointe et dans les zones de forte densité urbaine où les stations et les feux de circulation sont nombreux, mais également sur les axes principaux avec droit de priorité. En cas d’introduction de la limitation à 30km/h, sur la base de la littérature existante, on doit compter avec un allongement moyen du temps de parcours de 1,5 seconde par 100 mètres.
Un allongement du temps de parcours se répercute sur l’exploitation des TP. Mais les problèmes apparaissent surtout lorsque la circulation ralentit et que les réserves de temps en tête et en queue de ligne disparaissent. Par contre, le système des TP profite lui aussi de la fluidification de la circulation induite par le 30km/h.
Pour les usagères et usagers, un faible allongement du temps de parcours n’est pas un handicap, pour autant que les horaires soient adaptés et qu’un temps d’embarquement-débarquement suffisant soit garanti. Tout le monde profite en parallèle des effets positifs du 30km/h sur l’espace public. Comme le 30km/h s’applique à l’ensemble des modes de transport, on ne doit pas craindre que les usagères et usagers des TP se mettent à préférer la voiture.
Diverses mesures contribuent à éviter les pertes de temps: corridors pour les TP avec un régime de priorités approprié et sans obstacles construits, gestion du trafic pour éviter les embouteillages, conception des stations selon le principe du bus occupant la tête de la colonne ou encore accélération dans les nœuds de trafic ou circulation en site propre.
S’il n’est pas possible de respecter l’horaire en prenant des mesures au niveau de la planification ou de l’infrastructure, une adaptation ou l’adjonction de véhicules pourraient s’avérer nécessaires. Cette dernière mesure est particulièrement coûteuse. Généralement, les prestations des TP sont commandées et (co-)financées par les pouvoirs publics. Cependant, pour déterminer correctement les incidences financières de l’introduction du 30km/h, il est nécessaire de tenir compte également de ses effets bénéfiques sur l’ensemble de l’économie publique.
Il est important que l’instauration du 30km/h ne se limite pas à une adaptation isolée de la signalisation. Une analyse globale s’impose, ainsi que la prise en compte de l’ensemble des personnes concernées, y compris des autorités et des groupes d’intérêts. Cette manière de procéder permettra de tenir compte aussi des incidences sur les TP.
Les résultats de la présente étude montrent que le 30km/h influence le temps de parcours des TP. Mais, dans l’ensemble, ces incidences sont faibles et des mesures appropriées permettent de les réduire fortement, voire de les annuler. Elles restent cependant assez variables et doivent être calculées au cas par cas. Les auteurs de l’étude recommandent d’élaborer un concept global avant l’introduction du 30km/h sur les axes où circulent les TP. Vous trouverez davantage de détails sur les conclusions de cette étude et les recommandations qui en découlent à la fin de cette publication.
Conclusions et recommandations
L’avis des spécialistes: Metron
- La limitation à 30km/h influence le temps de parcours des TP – mais de manière faible.
- Il est possible de conserver l’attractivité des TP avec l’instauration du 30km/h.
- Les effets du 30km/h sur les TP doivent être déterminés au cas par cas.
- Idéalement, l’instauration du 30km/h sur les axes comportant des lignes de TP s’accompagne d’un concept de transports global.
- Les effets du 30km/h sur les TP peuvent être réduits par des mesures appropriées.
- Globalement, le 30km/h a des effets bénéfiques sur l’économie publique.
Extrait des recommandations de l’ATE
Concept de collectivité
Le 30km/h et des TP performants sont des éléments-clés d’une mobilité efficace, sûre et écologique.
Cette combinaison rend les localités plus attractives. Les résultats de cette étude montrent que l’instauration du 30km/h, accompagnée d’instruments appropriés, est compatible avec des TP performants.
Un processus de planification sachant inclure activement et bien à l’avance les entreprises de transport, les autorités et les riverain·es est un élément déterminant en aval de l’introduction du 30km/h – mais également pour toute autre mesure touchant à l’exploitation des transports publics.
¹ extrait du communiqué de presse du 1er février 2023
²Introduction de Ruedi Blumer, président de l’ATE Suisse
Source :
Répercussions de la limitation à 30km/h sur les transports publics Recommandations pour des transports publics attractifs Etude ATE 30kmh tp 2023 34 pages