Genève : bruit 2030

Le calme n’est pas un luxe, c’est une nécessité !

La stratégie cantonale de protection contre le bruit, BRUIT 2030, a été élaborée avec le concours de la commission cantonale de protection contre le bruit.
La commission cantonale de protection contre le bruit est une commission officielle consultative composée de membres choisis pour leur représentativité, leur compétence et leur engagement en matière de protection contre le bruit, elle est rattachée au département chargé de l’environnement.

Le bruit est l’affaire de toutes et tous. Parce que chacun.e en produit et parce que chacun.e le subit. En 2020, un.e Genevois.es sur deux dit souffrir du bruit, faisant basculer cette thématique de l’anecdote à une véritable question de santé publique. Le bruit est en effet une des causes directes de ces maladies que l’on qualifie paradoxalement de silencieuses – hypertension, pathologies cardio-vasculaires, abattement…

Mais le bruit que nous émettons est le reflet de nos choix, individuels et sociétaux. Du point de vue des autorités, cette thématique est à la croisée de plusieurs thématiques telles que la mobilité, l’aménagement du terri- toire, la santé et la sensibilisation. Cette stra- tégie bruit a pour but de répondre au besoin de tranquillité auquel aspire la population en le combinant avec un besoin accru, mais tout autant légitime, de déplacements, de loisirs, de nouveaux quartiers, industriel, mixte ou d’habitation et d’une société active qui voit les frontières entre activités diurnes et nocturnes s’atténuer.

Vous découvrirez dans cette stratégie « BRUIT 2030 » trois axes déterminants de travail que sont l’intégration des ambiances sonores dans le développement urbain, la réduction effective du bruit et une meilleure coordination à l’échelle cantonale pour atteindre les ob- jectifs. Concrètement, le département entend agir partout où cela est possible. Pour tous les nouveaux quartiers, il convient d’assurer une cohérence entre ressenti sonore et affec- tation, notamment en réduisant drastiquement la présence de la voiture comme cela est le cas par exemple aux Vernets, à l’Adret ou à l’Etang.

Les valeurs limites existantes pour le  bruit des transport sous-estiment les effets négatifs du bruit sur la population et ne répondent plus aux exigences de la loi sur la protection de l’environnement.

Commission fédérale de lutte contre le bruit (CFLB)

De même, la maîtrise du bruit sur les axes routiers existants est un objectif important. Enfin, les chantiers seront mieux suivis et encadrés grâce à la réalisation d’une direc- tive cantonale sur le bruit élaborée avec les partenaires concernés. Dans cette stratégie, nous proposerons quelques pistes pour limiter les émissions sonores les plus impactantes.

Cette stratégie bruit ne peut néanmoins pas tout régler. Nos comportements, notre envie de musique à toute heure du jour et de la nuit, notre souhait de prendre un verre sur une terrasse ne doivent pas empiéter en per- manence sur l’autre. Cet autre qui peut être notre voisin, notre ami, notre parent ou notre enfant. Je suis certain que des mesures d’en- vergures combinées à une valorisation des lieux de calme et une meilleure connaissance des impacts du bruit sur la santé permettront à chacun de se ressourcer et de participer à la qualité sonore dans le canton.

Vivre à Genève c’est aussi parler du bruit et de ses effets, trouver des solutions concrètes et planifier l’environnement sonore de demain: parce que le bruit fait partie intégrante de la vie. (introduction du conseiller d’État Antonio Hodgers)

Réduire les émissions sonores

Le territoire genevois est particulièrement concerné par la problématique du bruit et notamment celui de la circulation routière, avec un tiers de sa population, soit 120’000 personnes confrontées à un niveau de bruit excessif.¹ C’est une source de nuisances qui influence fortement, d’une part la qualité de vie et la santé, mais également la perception globale de l’environnement sonore².

Pour répondre à l’évolution des habitudes professionnelles et de loisirs, mais aussi à celles de nos modes de consommation, le transport de personnes et de marchandises croît et se diversifie. Le dynamisme de l’agglomération, incluant de grands pôles liés à la mobilité comme Genève Aéroport (GA) ou des axes à forte circulation, constituent des sources non négligeables de nuisances sonores.

Références :

1. plan-mesures-assainissement-bruit-routier-2016. Actualisation adoptée par le Conseil d’Etat le 20 avril 2016, Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture.

2 Le système d’indicateurs « Mesure du bien être », Création, répartition et préservation du bien-être, Edition 2018, Office fédéral de la statistique OFS.

3 L’avenir du paysage acoustique suisse: une analyse de mégatendances à long terme, Andreas M. Walker, Thomas Steiner, Joël Cachelin, Reto Höin, Peter Keller, 2012, sur mandat de l’OFEV.

4 Plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique (PSIA) adopté par le Conseil Fédéral le 14 novembre 2018.

Limiter et contrôler le bruit de la mobilité est une tâche essentielle de la politique de lutte contre le bruit3 qui focalise son action sur la diminution des émissions à la source, en priorité. Mode de déplacement encore largement utilisé et cause impor- tante de nuisances sonores, les transports individuels motorisés (TIM) font l’objet d’une attention particulière dans la lutte contre le bruit menée par le canton. Si la pose de revêtement phonoabsorbant est la solution la plus répandue, elle ne suffit pas. Aussi, le Conseil d’Etat a mis en consultation en avril 2021 une nouvelle stratégie de gestion des vitesses, basée sur la LMCE, qui réduit à 30 km/h de nuit les axes routiers en dépassement des normes et toute la journée dans l’hypercentre.

Favoriser la mobilité douce (MD) et promou- voir les transports en commun (TC) demeurent des mesures à developper. Pour que le report modal soit réellement effectif et les niveaux de bruit maîtrisés, une action conjointe entre plusieurs politiques publiques doit être menée, tant en matière d’assainissement du bruit routier existant, que de création de nouveaux aménagements favorables à la MD ou de réalisation d’aménagements limitant les TIM.

L’aéroport est un autre élément central de la politique cantonale de lutte contre le bruit, source importante de nuisances sonores sur le périmètre de l’agglomération. Les outils de planification4 développés ces deux dernières années, conjointement entre la Confédération, le canton et l’aéroport, définissent le développement à venir de GA (Aéroport), avec la volonté de l’inscrire dans une approche environnementale maîtrisée. Les nouvelles courbes de bruit nécessitent de redéfinir les pratiques cantonales et les coordinations entre les acteurs.

Vision 2030

L’ambition en 2030 est de bénéficier d’une vision coordonnée entre les trois compo- santes du développement du canton : la qualité de l’environnement, la mobilité et l’aménagement du territoire. Une politique publique de protection contre le bruit visant l’amélioration de la qualité de vie de la population du canton, doit positionner sa réflexion et ses axes d’action au croisement de ces enjeux interdépendants.

Mobilité douce (MD)

Le développement d’aménagements sécurisés et des infrastructures cohérentes pour les cyclistes et les piétons, permettent de rendre la MD attractive et de renforcer le report modal des TIM vers les modes doux.

Photo Rue de l’Avenir

Le vrai déplacement du futur est peut-être la marche dont la part modale est déjà élevée en centre-ville. Grâce au développement multipolaire de l’agglomération, les dépla- cements piétons développent leur potentiel. L’objectif se traduit par l’interconnexion et la complémentarité des modes de transport qui représentent un enjeu à fort potentiel de développement.

Stationnement

La politique de gestion du stationnement est un levier d’action sur les choix modaux, que ce soit dans le développement de nouveaux quartiers, ou la gestion des places de par- kings des travailleurs, notamment. Il s’agit de penser à attribuer des places de station- nement de manière cohérente. En parallèle, le règlement sur le stationnement sur fond privé (L 5 05 10) offre de la souplesse pour construire moins de places de stationne- ment, permettant ainsi de diminuer la géné- ration de trafic des projets.

Pistes d’actions

Ville-30 km/h = moins de bruit

  • Mettre en œuvre les 2 premières mesures :- Maîtriser le bruit des deux-roues motorisés (cf. 4.1 Objectifs).
    – Subventionner les pneus silencieux (cf. 4.1 Objectifs).
  • Maîtriser le bruit dans l’élargissement à trois voies de l’autoroute et finir l’assainissement du bruit routier de l’autoroute en coordination avec la Confédération.
  • Achever le programme d’assainissement du plan de mesures 2016 du bruit routier sur les axes cantonaux et communaux.
  • Favoriser des axes à vitesse réduite en application de la nouvelle stratégie des vitesses réglementaires et développer des zones 30, ainsi que des zones de rencontre et des zones piétonnes, notamment dans le cas de projets d’assainissement, conformément à la LMCE.
  • Poser par défaut, dans les quartiers habités, des revêtements phonoabsorbants de dernière génération pour toutes les interventions sur le domaine routier, en toute pertinence, et sauf contrainte spécifique.
  • Développer des techniques d’entretien pour prolonger la durée de vie et l’efficacité acoustique des revêtements phonoabsor- bants.
  • Organiser des campagnes d’information avec pour objectif de modifier le comportement des conducteur.trice.s, grâce à une prise de conscience du rôle de chacun dans la lutte contre le bruit routier (responsabilisation individuelle).
  • Développer et mettre en œuvre le radar bruit, tout d’abord sous un format d’action pédagogique, puis d’autorité (y.c. modification de la base légale).

    Radar antibruit à l’avenue Wendt (moyenne ceinture) à Genève le 11 juin 2020 Photo Rue de l’Avenir

  • Promouvoir, via des mesures d’encouragement et de sensibilisation, les mobilités alternatives moins bruyantes (électromobilité, moteur à hydrogène).
  • Soutenir la priorisation des TC et MD, notamment dans le centre urbain, en cohérence avec la mise en œuvre de laLMCE et quantifier les gains
    • Plans d’actions de mobilité douce
    • Plans d’actions des transports collectifs 
    • Plan santé).
  • Monitorer et minimiser les nuisances sonores en lien avec les TC (sensibilisation et contrôle des niveaux de bruit solidiens et aériens)
  • Accompagner les entreprises dans la réalisation de plans de mobilité (guichet unique, stationnement), imposer cette démarche dans les nouveaux quartiers et pour l’administration cantonale. Monitorer les bénéfices en termes de mobilité, mais également de santé et bien-être des collaborateur.trice.s.
  • Instaurer les bonnes pratiques au sein de l’administration cantonale qui montre l’exemple lors du renouvellement de sa flotte de véhicules.

Source : Bruit 2030 stratégie cantonale de protection contre le bruit routier

Pour aller plus loin