De vastes zones du centre de Londres seront sans voiture
Dans le cadre de l’une des plus grandes initiatives de bannissement des voitures au monde, le maire de la capitale a annoncé vendredi 15 mai 2020 – rapporte le Guardian – que les rues principales entre London Bridge et Shoreditch, Euston et Waterloo, et Old Street et Holborn, seront limitées aux bus, aux piétons et aux cyclistes.
L’administration municipale a déclaré quelle travaillait avec les arrondissements (boroughs) pour mettre en place des restrictions similaires sur les routes secondaires qu’ils gèrent dans central London. Les voitures et les camions pourraient également être interdits de circuler sur le pont de Waterloo et le London Bridge.
Les experts affirment qu’il est crucial d’encourager la marche et le vélo pour le retour au travail, car la distance physique est impossible dans les transports bondés et une augmentation de l’utilisation de la voiture provoquerait des embouteillages et une augmentation de la pollution de l’air.
M. Sadiq Khan, Maire de Londres a déclaré au Guardian que le Covid-19 représentait « le plus grand défi de l’histoire des transports publics de Londres« .
ll a ajouté : « Il faudra un effort monumental de la part de tous les Londoniens pour maintenir une distance sociale sûre dans les transports publics, à mesure que les restrictions en matière de confinement seront progressivement assouplies.
« Cela signifie que nous devons maintenir le nombre de personnes utilisant les transports publics aussi bas que possible. Et nous ne pouvons pas voir les trajets autrefois effectués en transports publics remplacés par l’utilisation de la voiture, car nos routes deviendraient immédiatement inutilisables et la pollution atmosphérique toxique monterait en flèche »
Sadiq Khan a averti que les changements seraient perturbateurs. « Si nous voulons rendre les transports à Londres sûrs et maintenir la compétitivité de Londres au niveau mondial, nous n’avons pas d’autre choix que de réaménager rapidement les rues de Londres pour les gens.
« En veillant à ce que la relance de notre ville soit verte, nous nous attaquerons également à notre air toxique, ce qui est vital pour s’assurer que nous ne remplaçons pas une crise de santé publique par une autre. J’invite instamment tous les arrondissements à travailler avec nous pour rendre cela possible« .
Il a déclaré qu’il « appréciait pleinement les difficultés que le changement pourrait causer à certains Londoniens. « Cela signifiera une perception fondamentalement différente de la façon dont nous vivons dans cette ville. Et cette transformation ne se fera pas en douceur. Mais je promets d’être aussi clair et franc que possible avec les Londoniens sur ce que nous faisons, pourquoi et sur ce que nous attendons exactement de vous pour assurer notre sécurité ».
Lire la déclaration complète du Maire de Londres sur son site (en anglais).
Les décisions du Maire de Londres
- Un effort « monumental » est demandé à tous les Londoniens pour permettre la distanciation sociale dans les transports publics, le confinement étant allégé
- Des rues sans voitures pour permettre des millions de déplacements à pied ou à vélo en toute sécurité
- Les Londoniens sont invités à se déplacer à pied ou à vélo depuis les gares principales plutôt que d’utiliser le métro
- Le péage urbain et la zone environnementale sont rétablis lundi 18 mai pour éviter que les routes de Londres ne soient bloquées de manière inutilisable
- Le personnel du NHS (Service national de santé), bénéficie du remboursement du péage urbain
- le tarif du péage urbain est porté à 15 £ (fr 18.-) dès le 1er juin et les heures de validité sont prolongées
- Les transports publics doivent désormais être un dernier recours. Les Londoniens doivent continuer à travailler depuis leur domicile et passer plus de temps libre dans les quartiers. Voir le site de la mairie.l
Galerie de 68 photos haute résolution : le péage urbain à Londres en 2015
Contexte et enjeux
Répartition modale du Grand Londres (1561 km2 et 8 788 000 habitants) selon Deloitte (2018) :
Voiture : 37% ; piétons 29%; transports publics 29%; vélos 3%
La part des piétons à l’échelle de l’agglomération est élevée, celle des cyclistes assez faible.
Pour la City of London, qui n’est qu’une partie de la zone sans voiture :
- Les’automobilistes (voitures privées et taxis) qui représentent 19% des déplacements occupent 53% des rues.
- Les piétons (52% de part modale) n’occupent que 9% de la rue.
(Source City of London 2018)
La mise en zone sans voiture du centre le Londres impressionne. La zone comprend la « City of London » en bref « City » seulement 2,9 km2 , mais un des deux centres mondiaux de la finance, avec New-York. Si la City compte moins de 10 000 habitants, elle accueille par contre plus de 522 000 pendulaires du monde de la finance et des services. Sources : City of London jobs
On perçoit bien l’enjeu
La Ville de Londres souhaite que la grande majorité des pendulaires arrivant dans l’une des nombreuses gares du centre de Londres, et qui prenaient le métro pour terminer leur trajet depuis leur lointaine banlieue, termine le parcours à pied, voire à vélo. A l’évidence les 9% d’espace public dévolu aux piétons ne suffira pas accueillir des centaines de milliers de personnes. D’où l’idée d’enlever les 19% d’automobilistes qui occupent 53% de l’espace. La question des taxis n’est pas réglée.
La décision est également forte au niveau mondial puis qu’elle s’attaque à l’une des deux plus grande places financières au monde, où se trouvent une partie des personne influentes du monde d’avant. Servira-t-elle de modèle à d’autres villes ?
Des voies express cyclables
Londres compte un réseau de voies express (cycle superhighways rebaptisées cycleways) développé d’abord par « Ken le rouge », Ken Levingston (maire de 2000 à 2008), puis poursuivi par Boris Johnson – cycliste lui-même – l’actuel premier ministre. Il est spectaculaire à l’heure de pointe mais sous dimensionné, la part modale cycliste autour de 5% reste faible, le potentiel est grand. Il nécessite des investissements importants en principe promis.
En effet, Le gouvernement britannique a dévoilé un investissement de 250 millions de livres sterling (300 millions de francs) dans les pistes cyclables du Royaume-Uni afin d’encourager les navetteurs à se rendre au travail à vélo plutôt qu’avec les transports publics, dans le cadre des efforts visant à prévenir une résurgence du coronavirus selon Le Guardian du 9 mai 2020.
Galerie de 42 photos haute résolution: les voies express cyclistes de Londres
La pollution de l’air après la Covid-19
Neuf organisations, dont Greenpeace et le Transport Action Network, ont écrit une lettre ouverte aux secrétaires d’État britanniques chargés des transports et de l’environnement, ainsi qu’au chancelier, aux dirigeants des autorités locales et régionales et aux maires des villes.
« Il serait totalement absurde qu’après les efforts et les sacrifices sans précédent consentis pour sauver des milliers de vies de Covid-19, nous permettions à des milliers d’autres d’être écourtées par les effets dévastateurs de la pollution toxique », peut-on lire dans la lettre.
Les demandes du groupe portent notamment sur l’élargissement des trottoirs, la protection des pistes cyclables et l’installation de barrières pour les bus, de bornes et de jardinières pour limiter la circulation dans les rues résidentielles et commerciales. La lettre demande également la mise en place de réseaux de quartiers à faible circulation et la priorité donnée à la marche et au vélo le long des routes principales. Source the Guardian du 9 mai 2020
Le site du gouvernent britannique confirme l’impact de la pollution d l’air sur la santé
La pollution de l’air est la plus grande menace environnementale pour la santé au Royaume-Uni, avec entre 28 000 et 36 000 décès par an attribués à une exposition à long terme. Il existe des preuves solides que la pollution atmosphérique provoque le développement de maladies coronariennes, d’accidents vasculaires cérébraux, de maladies respiratoires et de cancers du poumon, et qu’elle exacerbe l’asthme.
Récupération spontanée d’espace public
Dans plusieurs quartiers londoniens les habitants récupèrent une partie de l’espace public comme ici sur Hackeney Road dans l’arrondissement de Tower & Hamlet (Photo twitter.com/Meg_Johannessen)
Un groupe de femmes se faisant appeler les Urbanistes tactiques a pris les choses en main. La semaine dernière (début mai 2020), elles ont élargi le trottoir à l’extérieur d’un supermarché de grande surface très fréquenté, en utilisant des cercles peints sur la chaussée et des barrières de fortune faites de pneus remplis de terre et de fleurs.
Les résidents de Tower Hamlets ont salué le changement et les barrières ont été applaudies sur les médias sociaux, selon le groupe. Cependant, le conseil local s’est opposé et a retiré les pneus, en invoquant des raisons de sécurité. Source BBC
Dans l’arrondissement de Lambeth (photo Living Street twitter.com/LambethLivingSt) les riverains et Living Street marquent leur soutien à l’élargissement du trottoir.
Galeries de photos haute résolution :
- cohabitation cycliste et piétons (40 photos)
- Arrondissement d’Islington à 30 (65 photos)
- Modération de la circulation à Hammersmith et Fulham (18 photos)
Mise à jour 9 octobre 2020
Le Monde nous informe que le cœur de Londres est une exception en Europe. Seuls 40 % de ses employés de bureau sont de retour, contre 86 % en Ile-de-France, 68 % à Madrid, 72 % à Francfort et 80 % à Milan, selon une étude publiée, le 30 septembre, par Morgan Stanley. Les Londoniens semblent y prendre goût : 78 % des employés de bureau déclarent vouloir travailler plus souvent chez eux à l’avenir, un record en Europe (à égalité avec les Parisiens).
Mise à jour 13 novembre 2020
Royaume-Uni : la confiance dans les transports publics atteint son niveau le plus bas depuis 20 ans
Les sociétés de transport britanniques ont renforcé les régimes de nettoyage et une rune obligation de porter le masque obligatoire est en place depuis le 15 juin. Une enquête menée dans les villes britanniques en juillet a révélé un niveau élevé de conformité à la loi, 99 % des 225 passagers observés dans le métro de Londres portant un masque.
Les dernières données du ministère des transports montrent que l’utilisation de la voiture est revenue à près de 90 % des niveaux d’avant la pandémie, mais que l’utilisation du train et du bus reste aux alentours de 30 % et 60 % respectivement.
Source : infolettre de CitiesToday