Suisse: trois types de contextes

Instaurer une zone de rencontre permet à des usagers aux besoins très différents de cohabiter sur un espace public sans entraîner une segmentation de celui-ci selon les spécificités de chacun. L’usage de l’espace public est perpétuellement «négocié» entre les différents usagers (piétons, cyclistes, automobilistes, etc.). Ce mode de gestion est adapté à différents contextes. Le site www.zonederencontre.ch recense aujourd’hui près de 500 zones en Suisse, et propose un choix d’exemples de bonnes pratiques.

Les rues de quartiers résidentiels

Ces rues, situées hors des axes de transit urbains, sont généralement peu fréquentées (trafic journalier faible) et représentent donc un important potentiel d’espace public propice à l’appropriation (par les habitants). En mettant en place des zones de rencontre dans ce type de contexte, les rues ne sont plus seulement des espaces de circulation mais deviennent des lieux de vie. On peut y stationner son véhicule, mais également jouer au ballon ou à d’autres jeux d’extérieur, investir la rue avec des tables et des chaises le temps d’un apéritif de voisinage ou d’un moment d’échange réunissant les habitants du quartier, y faire du roller, etc.

Rue jardin

De tels exemples existent aujourd’hui dans de nombreuses communes. Dans la foulée des grandes villes de Suisse, les plus petites communes ont petit à petit mis en place des zones de rencontre sur des rues de quartier.

Berne en compte actuellement plus de cent: ce sont en général de petites zones, situées à l’intérieur de zones 30, mises en place sur demande, avec des aménagements légers, réalisés en partie par les habitants eux-mêmes. Ceux-ci bénéficient du système de « zone de rencontre à la demande », proposé par la Ville. Les demandes concernent aussi des zones de plus grande taille quand elles proviennent de coopératives d’habitation ou d’associations de quartiers avec une vision plus large de l’espace de vie et du quartier.

Les villes de Bâle et de Zurich pratiquent des politiques similaires. Le quartier du Lerchenberg à Zurich est d’ailleurs particulièrement intéressant à signaler car l’instauration de la zone de rencontre fait suite à une démarche menée par une société coopérative auprès des habitants dans le but de tranquilliser la rue d’accès à un lotissement d’immeubles des années soixante. À Bâle, certaines zones de rencontre appelées Spielstrassen sont explicitement dévouées au jeu. Les portiques d’entrée sont alors décorés par des dessins, et pourvus d’un trou à hauteur d’enfant, comme le montre la photo ci-dessous.

A Lausanne, il existe une zone de rencontre dans le quartier des Fleurettes, une autre dans le quartier de Bellevaux, d’autres demandes étant actuellement en cours. Genève compte également un certain nombre de zones de rencontre dans des secteurs résidentiels, comme par exemple le secteur des rues Leschot-Vignier-Patru ou le quartier des Ouches-Camille-Martin.

Les contextes centraux

–    Les places de gare et interfaces de transports publics
L’intérêt de mettre en place une zone de rencontre dans ce type de lieux réside dans la gestion des flux. Ces interfaces sont fortement fréquentées par des usagers très différents (transports publics, taxis, automobilistes, cyclistes, piétons, etc.). Au cours de la journée, elles subissent des pics importants en lien avec les arrivées et départ des transports publics. L’abaissement de la vitesse et la perméabilité de l’espace (suppression des seuils, traversées non canalisées, rétrécissement des largeurs de chaussée, etc.) permet une absorption de flux beaucoup plus importante et surtout beaucoup plus fluide par rapport à des systèmes traditionnels (canalisation des flux piétons à certains endroits avec mise en place de feux de signalisation par exemple). Citons comme exemples les places de la gare des villes d’Yverdon, de Genève, de Delémont, de Coire, de Baar et de Baden. À Renens, des étudiants de l’EPFL ont imaginé et concrétisé une zone de rencontre temporaire sur la place de la gare en attendant la mise en place d’un aménagement pérenne.

–    Les rues commerçantes
Instaurer des zones de rencontre dans les rues commerçantes d’un centre-ville ou d’un village permet de concilier deux intérêts a priori contradictoires: celui de permettre l’accessibilité aux commerces par des véhicules (et ainsi d’éviter la désertion de ces rues au profit de grand centre commerciaux en périphérie par exemple) et celui d’offrir aux piétons un espace accueillant (faibles nuisances sonores, peu de pollution, facilité de traversées, etc.) propice à la flânerie, à la déambulation et au farniente (sur une terrasse ombragée par exemple). On peut d’ailleurs observer que, contrairement à la crainte généralement exprimée par les commerçants relative à la diminution de places de parking et à la modération du trafic, la fréquentation des commerces et des établissements publics se trouve augmentée suite à la mise en place de zones de rencontre dans de tels contextes.
Citons comme exemple réussi le centre-ville de Sion avec la place du Midi, l’espace des Remparts, la rue de Lausanne et la rue des Grands-Ponts et la place du marché à la Chaux-de-Fonds.

–    Les centres anciens
L’instauration de zones de rencontre dans les centres anciens avalise généralement une situation de fait, la nature et la dimension des rues induisant nécessairement une négociation de l’espace public de la part de tous les usagers.
Citons comme exemples St-Blaise, Cossonay, la basse ville de Berne, la vieille ville de Genève, Soleure, Manno et le secteur Bleicheli de St-Gall.

Les situations particulières

L’instauration d’une zone de rencontre peut également être opportune dans d’autres situations, généralement lorsqu’un espace public est confronté à la présence d’un grand nombre d’usagers très différents: devant les écoles comme celle de la rue Dumas à Genève, dans des zones d’activités comprenant un ou plusieurs bâtiments publics comme la Schmiedeplatz à Baden, dans un centre de localité traversé par une route cantonale comme à Bremgarten (qui a obtenu une distinction dans le cadre du prix Flâneur d’Or 2008), dans des contextes touristiques comme à Montana (voir le bulletin Rue de l’Avenir 4/2005) ou encore autour d’un centre commercial comme celle du stade de la Maladière à Neuchâtel.

Les zones de rencontre peuvent aussi être judicieuses pour gérer le croisement d’un axe de trafic important avec un flux piéton important, comme c’est le cas sur le square des places à Fribourg. Cette minuscule zone de rencontre permet un croisement fluide et sans danger entre l’une des rues piétonnes les plus fréquentées de Fribourg et un axe routier majeur parcouru par des bus.

Pour aller plus loin

Présentations et albums de photos de Rue de l’Avenir

Zones de rencontre à la demande

Observatoires en ligne des zones de rencontre