Le conseil d’État genevois a présenté début février 2021 une feuille de route pour concrétiser la LMCE – loi pour une mobilité cohérente et équilibrée 2021 – 2023.

Adoptée par les Genevois le 5 juin  2016 par 68% des votants, la LMCE impose la priorisation des transports publics, du 30 km/h et des mobilités douces dans les centres urbains du canton, ainsi que la réalisation d’une ceinture urbaine fluide pour la circulation automobile. Sur les 192 mesures prévues, 80 ont été réalisées à fin 2020 et 87 étaient en cours de réalisation, détaille le le Département des infrastructures dans un communiqué.

Rue de l’Avenir retiendra plus particulièrement de ce document les chapitres pacifications et sécurisation des zones 1 (hypercentre), II (centre urbain) et des traversées de localités, et celui sur la mobilité douce. De manière intéressante le Canton entre en matière sur la demande de la Ville de Genève de généraliser le 30 km/h pour lutter contre le bruit routier.

Une stratégie cantonale en matière de réglementation de la vitesse

Centre urbain de Genève – zones 30 et zones de rencontre Le carré violet représente la piétonisation des places de Montbrillant et de Cornavin au nord et au sud  de la gare et leur fermeture complète à la circulation motorisée privée, sauf les trams et les bus au sud.

Parallèlement à la présentation de sa feuille de route le 4 février 2021, le Département genevois des infrastructures s’apprête à lancer prochainement une consultation sur le thème de la réglementation de la vitesse de circulation, en lien avec l’objectif de lutte contre le bruit routier. La stratégie qui sera mise en consultation s’appuie sur le constat que plus de 110’000 habitant-e-s subissent durant la nuit des nuisances sonores dépassant les normes admises, ainsi que sur les objectifs de la LMCE (loi pour une mobilité cohérente et équilibrée) .

Pacification des secteurs urbains du canton et sécurisation des traversées de localité:

  • Dans l’hyper centre (zone I en rose ci-dessous), la feuille de route pose un objectif global de vitesse limitée à 30 km/h incluant les axes routiers principaux, ainsi qu’un développement des zones piétonnes, de rencontre et les ZTL.
  • Dans les centres urbains (zone II en gris dans la carte ci-dessous), des zones 30 seront massivement développées dans les quartiers, et de nouveaux périmètres urbanisés feront l’objet d’une priorisation pour les transports collectifs et la mobilité douce.
  • Les principales traversées de localité (hors zones I et II) passeront, quant à elles, à 30 km/h.

La zone II centre urbain sera fortement agrandie en 2022  (en jaune ci-dessous)et devrait permettre d’étendre les zones 30, y compris sur les axes principaux.

En rose l’hypercentre, en gris, les centres urbains. En jaune l’extension de la zone II (centres urbains). Tracé noir => la ceinture urbaine

La mobilité douce

En matière de mobilité douce, un quart seulement des mesures prévues de la LMCE ont pu être réalisées.

  • Une accélération est prévue grâce à des itinéraires cyclables pérennes, directs et sécurisés. Ils permettront de faire le lien avec les gares du Léman Express et les pénétrantes cyclables cantonales.
  • Pour les piétons, la feuille de route prévoit un maillage sécurisé pour relier les gares du Léman Express et les interfaces TPG. Quant à l’amélioration de la vitesse commerciale des transports collectifs, plus de 60% des mesures sont réalisées. L’effort à venir portera sur la ceinture urbaine.

Les projets de mobilité douce

Réaction de la Ville de Genève

La Ville de Genève a fait connaître son opposition au projet du Canton qui met les communes au pied du mur sans trop de soucier de leur avis.

On pourrait y voir un joli terrain de jeu, si on nous laissait les mains libres dit Frédérique Perler, la conseillère administrative de la Ville de Genève à la Tribune de Genève du 12 février. Mais on peut y voir aussi une série d’injonctions, notamment en vue de la réalisation de la ceinture urbaine. Celle-ci est à mon sens problématique, le Canton rêvant encore de l’achever avec une traversée du lac. Et ce serait aux Communes de payer cette mise en œuvre, en premier lieu la Ville, sans tenir compte de sa capacité financière et en ressources humaines. Ni de sa philosophie, très différente. L’État parle un peu de mobilité douce, très peu des piétons, et n’évoque pas de réduction de la circulation  Il impose un périphérique urbain, un nouveau contournement autoroutier passant en plein centre-ville, scindant les quartiers et nécessitant parfois, pour empiler les flux, d’élargir la voirie en empiétant sur les parcs. Il n’est pas envisagé d’y supprimer de voie automobile.

Nota bene de Rue de l’Avenir

On ne peut que saluer la « feuille de route » ambitieuse du conseil d’État genevois et plus particulièrement du Département des infrastructures du conseiller d’État Serge dal Busco (co-récipiendaire – avec la Ville de Genève – de notre prix Rue d l’Avenir 2020). Il reste à espérer que les résultats seront à la hauteur des ambitions et qu’ils permettront à Genève de rattraper son retard en matière de mobilité et d’aménagements durables. On regrettera toutefois que les projets piétons tardent à se concrétiser.

Il convient de rappeler le contexte légal : dans le cadre du train de lois sur la répartition des tâches entre communes et canton, les communes sont, depuis début 2019, compétentes en matière de gestion de la circulation sur le réseau de quartier communal non structurant. Il appartient au Conseil d’État de définir le réseau de quartier communal structurant.

On peut comprendre l’amertume de la Ville de Genève (co-récipiendaire de notre prix Rue d l’Avenir 2020 avec le Canton)  qui doit étudier, réaliser et payer les aménagements sur son territoire, mais sans avoir le droit de décision. D’autant qu’il n’y a pas de rues cantonales en ville de Genève.

On peut considérer que cette feuille de route constitue des mesures d’accompagnement indirectes à la mise en service du Léman Express.

Pour aller plus loin

Exemple d’intervention sur une traversée de localité hors du centre urbain


LMCE 30kmh Vandoeuvres

 

Source : ATS, site de l’État de Genève

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