Aménagements et infrastructures
En matière d’aménagements cyclables, on distingue généralement les mesures routières pour les vélos (réseaux composés d’axes, de carrefours et de dessertes) et le stationnement. Les infrastructures cyclables sont déterminantes afin d’augmenter (ou de stabiliser) la part modale du vélo. Elles sont d’autant plus importantes que des personnes peu sûres à vélo ne rouleront pas sans elles. C’est notamment le cas des enfants et des jeunes. Or, s’ils ne pratiquent pas le vélo, les chances qu’ils se déplacent par la suite avec ce moyen de transport sont moindres. Il est donc nécessaire d’avoir des infrastructures adaptées, non seulement pour les cyclistes confirmés, mais également pour attirer de nouveaux usagers.
Exemples d’aménagements primés en Suisse – PRIX VELO Infrastructure
Photo: PRO VELO Bern, Michel Savary
Réseaux – un ensemble de mesures
Le but des réseaux cyclables est de pouvoir atteindre ses destinations rapidement, confortablement, en toute sécurité et avec les moins d’interruptions possibles. Cela est rendu possible par différentes infrastructures, telles que bandes et pistes cyclables, sas vélo, feux de signalisation destinés aux les cyclistes, etc.
Un thème émergeant en Suisse est celui des voies express vélo ou cycloroutes. Celles-ci existent dans plusieurs pays tels que les Pays-Bas, le Danemark et le Royaume-Uni (par ex. à Londres) et sont également en pleine expansion en Autriche et en Allemagne (voir par ex. la « RS1 » en réalisation dans la Ruhr). On en trouve aussi en France (Cours des 50 Otages à Nantes par exemple).
Ces « autoroutes à vélo » permettent d’exploiter la dimension régionale du vélo. Visant un minimum d’interruptions, elles s’adressent en particulier aux pendulaires reliant villes et agglomérations sur des distances allant de 3 à 15 kilomètres. L’OFROU et la Conférence vélo Suisse ont publié un rapport sur les voies express et leur potentiel développement en Suisse (2015), et la SVI a publié une étude proposant des recommandations concrètes en matière de conception et de planification de voies express vélo. En Suisse des projets sont en cours de planification dans les cantons de Berne et de Zurich.
Plusieurs liaisons cyclables rapides ont déjà vu le jour, par ex. Thun- Heimberg, Berne-Zollikofen dans le Canton de Berne, et plus récemment, en 2016, la « Velohauptroute » sur la Route Wankdorf en Ville de Berne ou encore la réalisation d’un premier tronçon de « Velobahn » à Winterthur.
« Velohauptroute » sur la route Wankdorf à Berne (PRO VELO Bern, Michel Savary)
Les réseaux cyclables ne sont pas forcément composés que de bandes et de pistes. La modération du trafic et les zones 30 peuvent également être propices à la pratique agréable du vélo. Ces dernières se prêtent particulièrement aux contresens cyclables, qui permettent d’ouvrir des tronçons supplémentaires à la pratique du vélo.
Pour offrir un réseau cohérent, les mesures légères ne suffisent toutefois pas toujours et certains points noirs nécessitent des ouvrages plus conséquents, suspendus ou souterrains, pour être résolus.
© Dan Freeman
D’autres éléments sont à considérer lors de la réalisation d’itinéraires cyclables : desserte, sécurité, confort, relation avec les autres moyens de transport, itinéraires destinés aux déplacements quotidiens ou aux loisirs, revêtement, etc. Voir à ce sujet le Manuel « Conception d’itinéraires cyclables » de l’OFROU, SuisseMobile et FSR (2008).
D’autres aspects sont directement liés au réseau cyclable comme son entretien (œillères, déneigement, …), son éclairage et sa signalisation (voir par ex. les recommandations de l’OFROU et de SuisseMobile concernant la signalisation). Leur prise en charge doit être assurée à long terme.
Carrefours – une question de priorité
La fluidité des carrefours pour les cyclistes est également un point important afin d’éviter des efforts et un déséquilibre dangereux lors du redémarrage. Différents éléments permettent cette fluidité en priorisant ce mode actif. Le « sas vélo » à l’avant des files automobiles en est un. Le feu pour cyclistes aux phases plus longues en est un autre (à noter des spécialités danoises qui les rallongent par mauvais temps pour garantir davantage de sécurité et promouvoir le vélo également par mauvais temps).
Sas vélo à Berne (PRO VELO Bern, Michel Savary)
Le « tourne-à-droite » autorise les cyclistes à tourner à droite à certains feux rouges, en faisant preuve de respect vis-à-vis des piétons. Cette mesure permet de fluidifier le trafic et d’éviter aux cyclistes de démarrer en même temps que les véhicules motorisés leur laissant parfois trop peu d’espaces. Déjà utilisée en Belgique et en France, en Suisse cette mesure a fait l’objet d’une étude pilote menée par le Canton de Bâle-Ville avec l’accord de l’Office fédéral des routes (OFROU) entre 2013 et 2016 (voir à ce sujet le communiqué de presse de PRO VELO). Ces tests concluants ont fait l’objet d’un rapport (en allemand), et la Confédération étudie la possibilité de modifier en conséquence la législation sur la circulation routière. Une mise en consultation devrait se faire prochainement.
En France, depuis 2015, il n’y a plus de limite à la nature ou au nombre de mouvements autorisés, auparavant limités au tout droit en carrefour en T et au tourne-à-droite. Un film « feux rouges : faire confiance aux cyclistes ! » (2017) explique les avantages de cette mesure de « cédez-le-passage cycliste au feu ».
Des « rues cyclables », donnant la priorité aux vélos, constituent également une mesure permettant de fluidifier le trafic cycliste. De telles catégories de route existent en Hollande, en Allemagne, en Belgique et en Autriche, où elles ont fait leurs preuves depuis plusieurs années (voir par exemple Courtrai et Gand en Flandre, Berlin et Karlsruhe en Allemagne). En suisse, un projet pilote a été lancé par l’OFROU, afin de tester l’influence des « rues cyclables » sur la sécurité routière, la qualité et le confort pour les cyclistes, ainsi que l’adhésion qu’elles suscitent (voir l’information de l’OFROU à ce sujet, 2016). Cinq villes ont participé à ce projet durant 2017: Bâle, Berne, Lucerne et Zurich avec deux rues cyclables, et St-Gall avec une. Un rapport paraîtra en 2018.
Rue cyclable du projet pilote de l’OFROU, la Militärstrasse à Berne.
Stationnement vélo et vélostations
La promotion de l’usage du vélo est indissociable de la question du stationnement. Si les cyclistes n’ont pas de moyen de stationner leur vélo dans des lieux sûrs, facilement et rapidement accessibles, ils seront vite découragés de se déplacer à vélo. Il est donc important de prévoir des espaces de stationnement dans toutes les destinations prisées (habitat, travail, commerces, musée, piscine, etc.), et ce dans une qualité suffisante. En effet, la perte ou l’endommagement d’un vélo sont dissuasifs ou incitent à choisir des modèles moins sûrs et confortables. C’est pourquoi il est recommandé d’offrir des places de stationnement abritées permettant d’attacher son vélo.
Les vélostations sont la catégorie haut de gamme du stationnement vélo puisque les places y sont surveillées et qu’elles proposent généralement des services supplémentaires (station de gonflage de pneu, chargeurs pour vélo électriques, etc.). Dans les gares, si elles sont bien placées, elles permettent un accès rapide aux quais. Dans ce sens, elles sont un atout majeur pour l’encouragement de la mobilité combinée. En Suisse, de plus en plus de gares en sont équipées.
Pour aller plus loin:
Mobilité combinée
Les transports publics et le vélo font la paire! Combinés, ils permettent d’aller encore plus loin et d’être encore plus flexible. Pour cela, des interfaces de transport et du matériel roulant tenant compte des vélos, ainsi qu’une information appropriée sont importants. Les vélostations, ainsi que Lla mise à disposition de vélos au lieu de destination, par exemple des vélos en libre-service, facilitent également la combinaison vélo-transports publics.
Transport généralisé des vélos, CarPostal région Grisons
Les transports publics et le vélo font la paire ! Combinés, ils permettent d’aller encore plus loin et d’être encore plus flexible. Pour cela, d’interfaces de transport et du matériel roulant tenant compte des vélos, ainsi qu’une information appropriée sont importants. La mise à disposition de vélos au lieu de destination, par exemple des vélos en libre-service, facilite également la combinaison vélo transports publics.
Pour aller plus loin:
- Thème « vélo et transports publics » de PRO VELO Suisse
- Thème « location et vélos en libre-service » de PRO VELO Suisse
Plusieurs villes de Suisse ont des systèmes de vélo en libre-service (VLS) depuis plusieurs années. L’arrivée en 2017 de vélos en libre-service en flotte-libre (sans station fixe et localisable à l’aide de GPS) à Zurich et Winterthour, a rendu le VLS encore plus visible. Ces vélos constituent une offre de transport à faible impact environnemental, peu couteuse et bonne pour la santé, mais, lorsque leur flotte est mal gérée, peuvent également être source de nuisances. Si bien que certaines villes les ont pour le moment interdits. PRO VELO Suisse a émis des recommandations pour les collectivités à ce sujet.
Plus d’informations à ce sujet sur www.bikesharing.ch
Qu’en pensent les cyclistes ?
Les villes et communes suisses se voient évaluées tous les quatre ans par les usagers eux-mêmes, dans le cadre du PRIX Villes cyclables. Les questions portent sur le climat général, la sécurité, le confort, la qualité du réseau et du stationnement, ainsi que l’engagement des autorités.
Infrastructures et promotion: mesures complémentaires
Les aménagements sont à combiner avec des mesures de communication ainsi que de bons services aux cyclistes. Les priorités différèrent toutefois selon le degré d’ancrage de la culture vélo dans la ville/commune et la qualité des infrastructures existantes. D’après le projet de recherche européen PRESTO, Promotion Cycling for Everyone as a Daily Transport Mode (2010), les « starters » (collectivités débutantes) devront miser en grande partie sur le développement des infrastructures pour commencer par rendre le vélo accessible, sûr et plausible comme moyen de déplacement au quotidien. Les « climbers », avec une part modale du vélo plus élevée, devront s’atteler à d’avantage de promotion afin de mettre un maximum de personnes en selle. Tandis que les « champions » garderont leurs cyclistes notamment en améliorant le confort du réseau et en récompensant la pratique du vélo.
Vous trouverez des exemples d’action de promotion dans la rubrique : Promotion