Woonerf (woonerven)
Les Pays-Bas font figure de précurseur en matière de rues apaisées puisque les premières expériences y ont été mises sur pieds il y a une cinquantaine d’années. «C’est aux Pays-Bas, au début des années 70, dans la ville de Delft que sont nées les zones résidentielles, appelées woonerven (woonerf au singulier). C’était d’une part une réaction à l’augmentation du nombre de véhicules et des espaces circulés et d’autre part un moyen de vivre et de jouer dans un espace».
La toute première zone*
Comme le raconte l’histoire, avant que le plan de circulation de 1970 du professeur Volmuller ne puisse être pleinement mis en œuvre à travers Delft, les résidents de la Tuinstraat de 50 mètres de long (Rue du Jardin) regardaient avec horreur l’espace devant leur porte d’entrée devenir de plus en plus hostile
aux enfants, les conducteurs l’utilisant comme raccourci entre deux rues adjacentes.
Alors, se sentant abandonnés par la Ville, ils ont choisi de prendre les choses en main; un matin, ils ont érigé des barrières en béton et planté des arbres à chaque entrée, squattant efficacement la zone pour jouer et socialiser.
Malgré la lutte initiale contre cet acte de désobéissance civile, la municipalité a finalement concédé, anticipant un renouvellement de l’espace public et des maisons environnantes, amorçant ainsi un processus de redéfinition et de refonte de ses rues pendant une
De ce processus, entrepris en coordination avec l’université technique voisine, est né le concept du woonerf (rue vivante), une solution made in Delft où la vitesse des véhicules était réduite à 15 km/h (10 mph) et les piétons étaient étant donné la pleine largeur de la rue (qui manquait généralement de trottoirs). Considérés comme des extensions du salon, les woonerven étaient envisagés comme des espaces extérieurs pour le jeu et la socialisation des résidents, en particulier des enfants, où les voitures étaient autorisées à circuler et à se garer, mais uniquement dans des limites stricteLes Woonerven ont ainsi été évités par la plupart des voitures (sauf les locaux occasionnels). Les habitants disposaient ensuite d’un espace semi-privé devant leur maison, à personnaliser avec des plantations et des sièges. Le woonerf a été rapidement adopté par le gouvernement national, qui a publié des directives spécifiques et des règles de circulation pour leur mise en œuvre (…).
Espace partagé ou shared space
Citons également les «shared spaces» ou « espace partagé », dont le concept a été inventé par feu Hans Mondermann, expert en circulation néerlandais, à la fin des années huitante, le principe étant de mettre en place des aménagements banalisés et une absence de signalisation pour induire la cohabitation.
Deux panneaux de signalisation sont visibles aux Pays-Bas. Le « woonerf » classique et le nouveau « à la Suisse » avec la mention 15. La vitesse dans les woonherf est en effet de 15 km/h et non de 20 km/h comme dans les zones de rencontre. A noter, que contrairement à la Suisse, le ballon est conservé impliquant le « droit » de jouer dans la zone de woonerf.
Du woonerf à la zone 30*
Malgré ces succès quantitatifs et qualitatifs, en 1983, il a été déterminé que les woonerven étaient tout simplement trop coûteux à construire et à entretenir à grande échelle, en particulier avec le déplacement et l’entretien des services publics souterrains.
Cinq ans plus tard, le gouvernement néerlandais a mis en place une norme de conception de rue résidentielle à 30 km/h qui constituerait la base de la rue de desserte dans la politique de sécurité durable de 1992. Bien qu’il n’ait pas tout à fait la même intention et la même exécution que la woonerf, il s’inspire fortement de ses éléments et a depuis été appliqué à presque toutes les rues résidentielles dans le pays, en veillant à ce que les rues restent des lieux sûrs et sociaux.
Geveltuin ou jardins de façade*
Un autre héritage du woonerf est la politique de geveltuin (jardin de façade) que l’on retrouve désormais dans les arrêtés de presque toutes les municipalités néerlandaises, y compris Delft. Sous réserve de respecter un certain nombre d’exigences, principalement autour de la préservation de la largeur du trottoir, les résidents sont incités à retirer une rangée de pavés devant leur maison et à la remplacer par un espace vert. Lire la suite la page suivante
Concurrence entre zone 30 et woonerf
Dans le cadre de leur programme « sécurité durable », les Pays-Bas financent, depuis plus de 12 ans, les kilomètres de zones 30 réalisées par les communes. Ce succès – environ 80% du réseau urbain est aujourd’hui à 30 km/h – fait que le nombre de woonherf – rue résidentielles à 15 km/h est relativement faible étant donné qu’elles ne sont pas subventionnées. La Commune choisi alors souvent de créer des zones 30, même si les lieux se prêteraient à une zone 15. Elles se trouvent principalement dans les rues résidentielles avec peu de circulation.
*(extrait de l’ouvrage de « Curbing traffic : the Human case for fewer cars in our lives » de Mélissa et Chris Bruntlett)
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- d’un jardin de façade dans un woonerf à Schevedingen (14)
- de woonerven (pluriel de woonerf) à La Haye (23)
- de woonerven à Delft (11)