L’Angleterre et la France s’engagent dans des politiques opposées en matière de 30 km/h.
Le gouvernement britannique envisage de restreindre la possibilité pour les conseils locaux à introduire le 30 km/h. De son côté, la France va généraliser le 30 km/h sur toutes les voiries sans trottoir.
Le gouvernement britannique adopte une politique pro voiture
Le gouvernement britannique envisage de restreindre la capacité des conseils locaux à imposer des limitations de vitesse à 20 mph (environ 32 km/h) dans le cadre d’un nouveau changement de politique contre les mesures écologiques et les schémas d’apaisement de la circulation.
La position a été condamnée par des groupes de sécurité et de déplacements comme étant à courte vue et clivant. Le Premier ministre a déjà ordonné un examen des zones à faible circulation (LTN) dans le sillage de l’élection partielle d’Uxbridge de ce mois-ci, où une victoire conservatrice étroite et inattendue a été aidée par des préoccupations concernant l’extension de la zone à faibles émissions ultrabasses du Grand Londres par le maire travailliste Sadiq Khan.
D’autres plans sont actuellement à l’étude pour limiter les pouvoirs des conseils locaux d’imposer des zones 30 et autres mesures d’apaisement de la circulation. Le débat concerne également l’installation de voies et préférences bus par les autorités locales et d’autres mesures de circulation utilisées depuis des décennies.
Les associations s’inquiètent de cette approche, soulignant les avantages des limitations de vitesse à 30 km/h pour les piétons et les cyclistes.
C’est une « pure hypocrisie » pour un gouvernement conservateur de condamner une politique que le parti (le gouvernement de Boris Johnson) avait lui-même introduite, je condamne les ingérences dans les décisions locales.
Les mesures visant à améliorer la sécurité routière autour des écoles et dans les rues résidentielles sont souvent demandées par les communautés locales elles-mêmes. C’est pourquoi il s’agit de décisions pour les autorités locales et elles doivent être prises après une consultation appropriée et en tenant compte des préoccupations locales.
Louise Haigh, la secrétaire travailliste « fantôme » aux transports
Le gouvernement britannique fait l’objet de critiques pour sa récente approche restrivtive sur l’environnement (renoncement aux objectifs de 2030) depuis l’élection complémentaire d’Uxbridge, ce qui suscite des fortes inquiétudes parmi les groupes environnementaux.
Le gouvernement britannique a également réduit fortement les fonds à destination de la mobilité douce.
Source : résumé d’un article du Guardian du 30 juillet 2023
Nota bene : le choix du gouvernement britannique de limiter l’expansion du 30 km/h ne s’appliquera ni au Pays de Galles, qui généralisera le 30 km/h (20 mph) le 17 septembre 2023, ni en Écosse qui fera de même en 2024. Ces deux nations britanniques bénéficient d’une délégation de compétence en matière de vitesse.
Pour aller plus loin
Lire nos dossiers LTN et ULEZ:
- LTN (Low traffic neighborhood ou zone à faible circulation) : généralités
- LTN de Railton
- LTN de Lambeth
- LTN d’Isslington – 100 LTN
- Évaporation de la circulation (impact des LTN sur les routes adjacentes)
Londres : zone environnementale (ULEZ)
France : 30 km/h obligatoires en ville…
… pour toutes les rues sans trottoir ou avec trottoir non règlementaire
Dans le cadre du Comité Interministériel de Sécurité Routière du 17 juillet 2023, la Première Ministre Élisabeth Borne a présenté une série de 38 mesures articulées autour de sept axes, dont la généralisation du 30 km/h pour les rues sans trottoir.
Depuis quelques années, plusieurs agglomérations ont fait le choix de réduire leurs limitations de vitesse pour diverses raisons, écologiques ou sécuritaires. Alors que la question d’une normalisation du 30 km/h commençait à se dessiner, l’Exécutif a fait le choix de prendre les devants en annonçant que le 30 km/h allait être rendu obligatoire en ville afin de renforcer la sécurité des piétons.
Il n’est évidemment pas prévu d’imposer cette limitation de vitesse à l’ensemble des centres urbains pour l’instant. En revanche, toutes les rues sans trottoir ou disposants de trottoirs non règlementaires, ne permettant par exemple pas la circulation de personnes en situation de handicap, devront obligatoirement voir leur limitation de vitesse être abaissée à 30 km/h.
L’objectif est ici de réduire le risque de collision entre les automobilistes et les piétons en réduisant la vitesse, facteur impactant à la fois la gravité du choc et la distance de freinage. Là où il faut environ 28 mètres pour s’arrêter à 50 km/h, cette distance est réduite à 13 mètres à 30 km/h.
Au vu de la configuration de nombreux villages anciens et centres historiques, le nombre de rues voyant leur vitesse maximale autorisée être réduite devrait croitre assez nettement.
Nota bene : l’Espagne a été plus loin. Outre le 30 km/h généralisé sur toutes les voiries à une voie par sens en mars 2021, le pays a introduit la généralisation du 20 km/h sur toutes les rues sans trottoir.
Sources :
- Le repaire des motards
- Circuler en sécurité et en sérénité sur les routes de France, dossier pdf de presse de 73 pages CISR 17 juillet 2023