La circulation induite désigne le phénomène par lequel une augmentation de la capacité routière, comme la construction ou l’élargissement d’une autoroute, génère une augmentation proportionnelle de la circulation sur cette infrastructure. Ce concept repose sur l’idée que plus, il y a d’infrastructures routières disponibles, plus les gens sont incités à les utiliser, ce qui annule rapidement les bénéfices espérés en matière de réduction de congestion.

Trafic induit. Source : Cabinet de conseil Benezra

Mécanismes de la circulation induite

1. Effet de capacité : Lorsqu’une autoroute est élargie, elle devient temporairement moins congestionnée. Cela attire de nouveaux usagers, soit parce que certains changent leur trajet, choisissant maintenant la route élargie, soit parce que certains usagers effectuent des déplacements qu’ils n’auraient pas envisagés autrement.

2. Effet de demande latente : De nombreux usagers potentiels n’empruntent pas une route en raison de la congestion. Cependant, une fois la route élargie, ces usagers commencent à l’utiliser. Par exemple, des personnes peuvent choisir de se déplacer en voiture plutôt qu’en transport en commun, ou encore réaliser davantage de trajets.

3. Effet d’étalement urbain : La présence de nouvelles infrastructures peut inciter les ménages et les entreprises à s’installer plus loin des centres-villes, en périphérie, augmentant ainsi la distance moyenne parcourue par les véhicules. C’est un cercle vicieux, car une fois cette expansion réalisée, elle rend à nouveau nécessaires des infrastructures supplémentaires.

Il existe un consensus dans le milieu de la recherche et de l’évaluation socio-économique des projets quant à l’existence du trafic induit.
Cerema, Trafic induit – revue bibliographique

Exemples de circulation induite

Source : Thibault Schneeberger Actif – Trafic

1. L’autoroute M25 autour de Londres

L’autoroute M25 est un bon exemple de circulation induite. Initialement conçue pour désengorger les routes de Londres, elle a été élargie à plusieurs reprises pour faire face à la demande croissante. Cependant, chaque fois que la capacité a été augmentée, le trafic a rapidement rattrapé cette capacité supplémentaire, et les embouteillages sont redevenus courants peu de temps après.

2. L’Interstate 405 à Los Angeles

L’élargissement de l’autoroute I-405 à Los Angeles a coûté près de 1,6 milliard de dollars et visait à réduire les temps de trajet. Pourtant, seulement quelques années après les travaux, la circulation est revenue à des niveaux de congestion similaires, voire supérieurs, car davantage de conducteurs ont commencé à utiliser cette autoroute élargie. L’effet de circulation induite a rapidement annulé les gains escomptés.

3. L’autoroute A86 en région parisienne

L’autoroute A86, qui contourne Paris, a également connu ce phénomène. La construction du tunnel Duplex A86, conçu pour décongestionner la région parisienne, a certes réduit temporairement la saturation des routes avoisinantes. Mais cela a aussi encouragé plus d’usagers à se déplacer en voiture, et avec le temps, le volume de trafic s’est accru, ramenant la congestion initiale.

Dessin de Côté, dessinateur québécois

Conséquences de la circulation induite

La circulation induite soulève des questions sur l’efficacité des investissements dans les infrastructures routières pour lutter contre la congestion. Elle entraîne aussi des conséquences environnementales, car l’augmentation du trafic routier génère plus d’émissions de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique. Des experts proposent alors des solutions alternatives, comme l’amélioration des transports en commun, la réduction de la dépendance à la voiture individuelle, ou encore l’aménagement urbain pour limiter l’étalement.

Construire plus de routes pour réduire la congestion est comme desserrer sa ceinture pour guérir l’obésité.
Lewis Mumford, urbaniste et historien

Alternatives pour éviter la circulation induite

Pour limiter la circulation induite, plusieurs solutions peuvent être envisagées :

Inciter à l’utilisation des transports en commun : investir dans les réseaux de transport en commun pour offrir des alternatives attractives.

Politique de tarification : imposer des péages, notamment dans les zones urbaines, pour limiter l’usage excessif des infrastructures routières.

Aménagement urbain : créer des villes plus denses et mixtes pour limiter l’étalement urbain et réduire la nécessité des déplacements en voiture.

Favoriser la mobilité douce.

Et si on supprimait une voie de circulation ? 
Voir notre dossier complet sur « l’évaporation de la circulation« 

En somme, bien que l’élargissement des autoroutes puisse être tentant pour répondre aux problèmes de congestion, il s’agit souvent d’une solution à court terme. La circulation induite montre qu’une approche plus globale et durable est habituellement nécessaire pour répondre efficacement aux défis de la mobilité et de l’urbanisation.

Source : synthèse effectuée sur le sujet par ChatGPT

Pour aller plus loin

Et son contraire