Au Japon, des réductions d’impôts et l’interdiction de stationner en bordure de route modèrent la circulation depuis bien longtemps.
Les voitures hybrides et les électriques sont toujours plus populaires : parce qu’elles sont économiques.
Pour acheter une voiture à Tokyo, il faut prouver que l’on dispose d’une place de parc privée. Stationner en bordure de route est interdit. Alors que dans les villes européennes, nombre de voitures tournent en rond à la recherche d’un endroit où se parquer, chaque véhicule a sa place attitrée au Japon. La plupart des Tokyoïtes se rendent au travail au moyen des transports publics.
Quant au « dernier kilomètre », entre le domicile et la station de métro ou de RER, un million de personnes le parcourent à vélo, option incitée par des gares dotées de vastes parkings à vélo, parfois sur plusieurs étages.
Stationnement privé et rues tranquilles
Pour les déplacements privés, la population des villes japonaises recourt peu à la voiture. C’est bien trop cher. Rien que les taxes du réseau autoroutier de la métropole coûtent plus cher qu’un billet de train, sans compter les frais de parcage. Un trajet entre Tokyo et Kyoto (environ 500 kilomètres) coûte 75 francs en péage autoroutier, soit presque le prix d’un billet pour le même voyage en Shinkansen, le train rapide japonais. À la campagne cependant, la voiture reste la norme.
Débarrassés de la circulation provoquée par les véhicules en quête de places de stationnement, la plupart des quartiers d’habitation sont tranquilles. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Au début des années 1960, la presse se plaignait de la « peste des voitures stationnées partout ». Il faut savoir qu’à Tokyo, les rues sont souvent trop étroites pour le stationnement. Pourtant, la pratique était répandue. « Les fortes amendes n’y changent rien », lisait-on dans le Japan Times en 1961. Quelques années plus tard, parquer dans l’espace public est interdit : d’abord à Tokyo, puis dans toutes les autres villes. En parallèle, la construction ou la rénovation de maisons d’habitation est assortie de l’obligation d’y aménager une place de parc. Beaucoup de gens ont sacrifié une partie de leur jardin. Aujourd’hui, l’interdiction de parquer dans la rue est admise comme une évidence.
Petites voitures privilégiées
Outre les plaques d’immatriculation blanches, le Japon connaît aussi les plaques jaunes pour la catégorie des «keijidōsha», les voitures de petit format. Leur cylindrée n’excède pas 660 cm³ , la hauteur 1,48 mètre et la longueur 3,40 mètres. Leurs propriétaires paient moins d’impôts sur les véhicules, les péages sont moins chers et des places leur sont réservées dans les parkings. Mais surtout, une keijidōsha consomme peu (environ 3 litres aux 100 kilomètres) et émet ainsi moins de CO2. Sur les parkings du Japon, des places sont réservées pour les petites voitures de la catégorie «keijidōsha». En réalité, la keijidōsha n’a pas été conçue pour ménager l’environnement, mais à titre de véhicule bon marché, destiné à relancer l’économie. À son lancement en 1949, sa cylindrée ne dépassait pas 360 cm3 . De cette solution de fortune est née une catégorie d’automobiles très populaire. Un tiers des voitures immatriculées au Japon en font partie et près de la moitié à la campagne.
Il en existe aussi en version camionnette, ainsi que des modèles « sport » et « de luxe », avec air conditionné. Dans le nord du pays, enneigé en hiver, presque toutes les keijidōsha sont à traction intégrale. Des keijidōsha hybrides existent aussi et, l’an dernier, Nissan a lancé sur le marché la « Sakura », une keijidōsha électrique à batterie. Véhicule de prédilection de l’artisanat, on en rencontre toutefois dans tous les secteurs de l’économie – même la poste, la police et les services du feu y recourent. Daihatsu a même créé un modèle « échoppe mobile », la «Nibako». Les keijidōsha se vendent bien parce qu’elles sont économes à l’usage, pas parce qu’elles sont écologiques.
Mais le climat en profite aussi.
Auteur :
Christoph Neidhart vit à Tokyo. Correspondant de la « Süddeutsche Zeitung » et du « Tages-Anzeiger » pendant 13 ans, il a publié plusieurs livres en allemand et traduits en anglais.
Sources :
- Magazine de l’ATE 4/23
- Illustrations libres de droit choisies par Rue de l’Avenir