En France, la mauvaise qualité de l’air extérieur est responsable de 40 000 décès et ce, en dépit de baisses d’émissions de polluants entre 1990 et 2018. Si nos choix individuels peuvent contribuer à changer la donne, la situation ne pourra évoluer sans une baisse significative de la circulation routière dans son ensemble. Explications.

En Suisse la situation n’est pas meilleure. En effet les Suisses possèdent des voitures plus grosses et plus puissantes, ce qui implique, selon l’OFEN, de nouvelles mesures pour faire baisser la consommation de carburant, et donc les émissions.

Limiter la circulation routière pour améliorer la qualité de l’air

Le lien entre l’importance du trafic routier et la mauvaise qualité de notre air est aujourd’hui clairement établi. En partie parce que notre dépendance à la voiture est encore trop forte. Quelques chiffres nationaux l’illustrent :

  • la circulation routière augmente de 1,5 % par an ;
  • 80 % de la pollution liée aux transports (oxydes d’azote, particules et composés organiques volatils) provient du seul transport routier.

Alors que nous dénombrons, chaque année en France, 40 000 décès liés à la mauvaise qualité de l’air, les solutions visant à limiter le trafic routier sont souvent débattues et mal acceptées car jugées peu efficaces. Qu’en est-il réellement ?

Des exemples éclairants un peu partout en Europe

Des initiatives menées dans diverses agglomérations européennes apportent aujourd’hui de solides éléments de réponse :

  • à Ljubljana, en Slovénie, la piétonisation du centre-ville a eu des effets considérables sur l‘amélioration de la qualité de l’air : la moyenne mensuelle de concentrations de NO2 (dioxyde d’azote) a connu une réduction d’environ 44 % entre 2006 et 2019. Les concentrations de PM10 (particules fines) ont quant à elles diminué de 40 % sur la même période ;
  • à Édimbourg, où l’interdiction temporaire de circulation des véhicules a été expérimentée autour de 9 écoles, les résultats montrent une réduction de 2 259 déplacements en voiture par jour, ainsi qu’une réduction des émissions de NOx (oxyde d’azote) dans les rues avoisinantes ;
  • à Bruxelles, la mise en place d’une zone piétonne sur le boulevard Anspach a permis une diminution locale des concentrations de carbone suie de 56 % lors du pic matinal et une diminution de 79 % pour le soir.

Voilà des résultats concrets et parlants. Mais qu’en est-il des mesures de réduction de la congestion et de la fluidification de la circulation ? Peuvent-elles constituer, elles aussi, une solution ? Rien n’est moins sûr.

Selon une étude récente de l’ADEME, la création de voies de circulation supplémentaires génère invariablement une augmentation de la circulation et, en conséquence, des émissions associées. Autrement dit, nos comportements (fréquence et nombre de déplacements en voiture, véhicules kilomètres parcourus, etc.) ont tendance à s’adapter à l’offre d’infrastructure routière ainsi qu’à l’offre de stationnement (nombre et disponibilité habituelle des places et/ou tarif).

Quelles conséquences sur la santé ?

Des effets immédiats

Les effets et leur intensité dépendent de la nature du (des) polluant(s), de la dose inhalée, mais aussi des habitudes (tabagisme…) et de la vulnérabilité des personnes exposées (enfants, personnes âgées, femmes enceintes, asthmatiques, cardiaques…). Les seuils de sensibilité et les conséquences à une exposition à la pollution de l’air ne sont pas les mêmes pour tous. Cela peut se traduire par :

▶ de la gêne et de l’inconfort : picotement des yeux, irritation dunezetdelagorge…;

▶ des effets plus importants et plus gênants : nausées, toux, troubles respiratoires, aggravation des symptômes d’asthme, allergies ;

▶ des cas extrêmes : détresse respiratoire et décès. Des effets dus à une exposition chronique

D’après Santé publique France, la majeure partie des impacts de la pollution atmosphérique sur la santé résultent d’une exposition au jour le jour et à long terme, même en dessous des seuils réglementaires.

La pollution aggrave les symptômes chez des personnes souffrant de pathologies chroniques. Elle génère aussi parfois des stress oxydatifs et des inflammations qui peuvent provoquer des cancers et des maladies cardiovasculaires, respiratoires ou neurolo- giques :

▶ la pollution de l’air est classée comme cancérogène de type 1 (avéré) pour les êtres humains par le Centre international de re- cherche sur le cancer (CIRC), instance spécialisée de l’OMS ;

▶ l’asthme est une maladie de plus en plus fréquente : le nombre de cas a doublé en 10 ans ; elle touche environ 10 % des enfants ;

▶ une exposition prolongée à un air pollué peut accroître le risque de sensibilisation à des allergènes et aggraver les symptômes d’allergie respiratoire ;

▶ la pollution favorise également des troubles de la fertilité et du développement de l’enfant.

Est-on plus exposé en voiture ou à vélo ?

Les automobilistes sont fortement exposés aux polluants

Les automobilistes, situés au cœur du trafic, sont plus exposés que les personnes se déplaçant à pied ou à vélo. En effet, l’air qui pénètre dans l’habitacle est particulièrement pollué et a tendance à s’y accumuler. Dans un véhicule circulant sur le périphérique, la concen- tration en dioxyde d’azote peut même être 4 à 5 fois supérieure au niveau ambiant au centre de Paris et jusqu’à 15 fois pour une voiture circulant dans un tunnel autoroutier embouteillé !

Deux flux cyclistes se croisent à Utrecht aux Pays-Bas photo Modacity

La pratique du vélo est bénéfique pour la santé

Selon les différentes études menées en France ou à l’étranger, les niveaux de polluants auxquels sont exposés les cyclistes sont près d’un tiers moins élevés que dans l’habitacle d’un véhicule, sur le même parcours. Les cyclistes sont plus libres de choisir leur place sur la chaussée et ils ont la possibilité d’emprunter certains aménagements tels que des pistes cyclables qui les éloignent légèrement du flux de circulation.

Même si le cycliste inhale plus d’air du fait de son effort physique, les bénéfices du vélo sont largement positifs pour la santé.

Comment répercuter ces initiatives ?

L’amélioration de la qualité de l’air est aujourd’hui un véritable enjeu de santé publique et ces aménagements testés partout en Europe (piétonisation, aménagement de pistes cyclables…) peuvent contribuer à changer la donne, tout du moins localement, en complément d’un ensemble de mesures visant à limiter globalement le trafic routier mais aussi les autres sources d’émissions de polluants (chauffage au bois, industries…).

Pour améliorer la qualité de l’air en milieu urbain, l’ADEME dresse d’ores et déjà quelques pistes et perspectives :

  • la piétonisation s’avère très efficace pour réduire les fortes concentrations de carbone suie observées localement ;
  • réduire le trafic contribue à limiter les fortes concentrations de polluants liées à certaines situations météorologiques qui peuvent provoquer la stagnation de polluants et même favoriser la formation de polluants secondaires ;
  • concernant la pollution à l’ozone, qui se forme à partir des Composés organiques volatils (COV) et des oxydes d’azote, des mesures de diminution des émissions de COV hors trafic restent nécessaires, la baisse du volume de trafic n’engendrant pas nécessairement de baisse des concentrations d’ozone en zone urbaine ;
  • l’environnement physique (proximité de la mer, zone de montagnes, plaine ventée, etc.) doit également être pris en compte, dans la mesure où un aménagement n’aura pas les mêmes impacts sur une ville côtière ou sur une ville encaissée dans une vallée.

En conclusion, développer les infrastructures pour permettre une mobilité active / mobilité douce (pistes cyclables, voies piétonnes) et rendre plus accessibles les transports en commun (extension de lignes vers les zones périurbaines) pour limiter notre dépendance à la voiture est devenu incontournable. D’autres solutions ont également montré leur efficacité comme le télétravail qui permet de limiter les déplacements quotidiens entre le domicile et le travail.

Vous voulez estimer l’impact CO2 de vos déplacements et estimez ce que vous avez gagné en pratiquant le télétravail ? C’est facile en quelques clics sur le site monimpacttransport.fr.