Extrait de l’étude de réalisée par Daniel Sauter sur la base du microrecensement mobilité – transport de 2010 à la demande de l’OFROU, qui souhaitait avoir une analyse plus fine de la mobilité des jeunes. 

Interprétation synthétique des résultats

vignette mobilité des enfants et adolescents 1994 - 2010Le choix d’un moyen de transport par les enfants et les adolescents a radicalement changé entre 1994 et 2010. Lors des examens précédents de cette série, c’est surtout le fort recul du trafic cycliste qui a été primordial. Non seulement les données du recensement Mobilité et transports de 2010 nous donnent une nouvelle mesure mais elles nous brossent aussi un tableau plus global des évolutions depuis le premier relevé de 1994.

Il s’avère qu’il existe un lien étroit entre les changements structurels et les changements d’attitude et de comportement des enfants et adolescents. Au niveau structurel, les modifications enregistrées au niveau du système scolaire ont des effets particulièrement prononcés comme par exemple la centralisation des lieux de formation scolaire ou l’introduction de structures de jour. Cela concerne surtout l’école primaire, mais également les adolescents, qui doivent faire eux aussi des trajets plus longs pour se rendre à l’école. Deuxièmement, l’aménagement des transports publics au cours de ces 15 dernières années a eu des répercussions notables sur le comportement de mobilité. Les améliorations de l’offre avec davantage de correspondances, de bus / trains de nuit, les abonnements Voie 7, etc. sont plus fréquemment utilisées par les enfants et plus encore par les adolescents.

Viennent s’ajouter à cela les mutations sociales comme par exemple le fait que l’obtention du permis de conduire ne soit plus en tête de la liste des priorités des jeunes gens. En 2010, 41% des jeunes âgés de 18 à 20 ans possédaient un permis de conduire contre près de 60% en 2000. Le renoncement au passage précoce du permis de conduire a de nombreuses raisons. Ce n’est cependant possible que s’il existe des alternatives pour la mobilité. On a de telles alternatives avec l’amélioration de l’offre des transports publics. En 2010, près de 80% des jeunes âgés entre 16 et 20 ans possèdent au moins un abonnement aux transports publics soit une augmentation importante depuis 1994.

Les changements structurels et sociaux se répercutent différemment sur le choix des moyens de trans- port selon le groupe d’âge au fil du temps :

  • Chez les enfants âgés de 6 à 12 ans, le pourcentage de déplacements à pied et à vélo diminue. C’est lié d’une part à l’augmentation des distances pour se rendre à l’école – la part des trajets effectués à pied pour les loisirs reste par exemple stable – mais aussi au fait que les enfants utilisent les transports publics ou sont conduits à l’école par leurs parents. 

  • Chez les enfants de 13 à 15 ans qui se déplaçaient jusqu’à présent la plupart du temps à vélo, la part du vélo baisse de manière continue et nette. Les déplacements à vélo sont remplacés par des déplacements à pied, avec les transports publics ou en véhicule automobile. 

  •  Chez les jeunes de 16 à 20 ans, les longues distances pour se rendre à l’école entraînent une utilisation accrue des transports publics. Ce phénomène est encouragé par la bonne offre de transports publics et l’attitude positive des jeunes vis-à-vis des transports publics – on peut y discuter, surfer sur I ternet ou simplement ne rien faire – et induit un remplacement des trajets effectués auparavant à vélo ou par voie motorisée par des déplacements en bus, tram ou train (voir aussi Sauter/Wyss 2014). Des trajets supplémentaires sont effectués à pied sur le lieu de formation scolaire le midi ou après la fin de l’école. Il s’agit en partie de trajets scolaire et en partie de trajets pour les loisirs. C’est par exemple le cas lorsque des adolescents se rendent depuis l’école dans un parc pour déjeuner. Lorsqu’ils en reviennent, on est en présence d’un déplacement scolaire.

Etant donné que les jeunes disposent déjà d’un abonnement aux transports publics pour se rendre à l’école, ils l’utilisent aussi davantage pour les trajets liés à leurs loisirs. On a également une explosion des déplacements à pied. Non seulement on a plus de trajets vers et depuis l’arrêt mais on a aussi une forte augmentation des trajets pédestres « purs ». Cela est probablement lié au fait que les jeunes font par exemple une sortie avec les transports publics et se déplacent principalement à pied sur place une fois arrivés à destination.


Au total, il semblerait que l’on ait assisté à un véritable changement de paradigme dans le choix des moyens de transport par les enfants et adolescents. C’est le vélo qui a le plus perdu aussi bien auprès des enfants que des adolescents même si une consolidation s’esquisse chez les enfants et ce bien que l’on enregistre un recul de la disponibilité pleine des vélos chez les plus jeune (6-12 ans). Tandis que les enfants sont plus souvent conduits jusqu’à destination, les adolescents renoncent de plus en plus au véhicule automobile, aussi bien pour les formations que pour les loisirs. Ils utilisent à la place de plus en plus les transports publics et se déplacent davantage à pied.

Choix du mode transport par région linguistique en 2010

Mobilité des jeunes aémaniques et romands

Globalement en 2010, 62% des enfants Romands 6 – 12 ans sont écomobiles contre 68% des jeunes Alémaniques. Pour les 16 – 20 ans les jeunes Romands sont légèrement plus écomobiles 64% que les Alémaniques 63%

Choix du mode transport par région linguistique en 2010

Moblité jeunes alémaniques et romands 1994 - 2010 

Globalement, les déplacements à pied et à vélo sont stables en Romandie entre 2005 – 2010

Chemin de l’école 1994 – 2010

 Tableau déplacement chemin de lécole 1994 - 2010

Les déplacements à pied diminuent chez les petits Romands de 6 à 12 ans, ils augmentent pour les adolescents.
A noter que la part de la voiture diminue fortement pour les jeunes Romands de 16 à 20 ans, passant de 21 à 10%. Ces futurs adultes sont de gros utilisateurs des transports publics 55% mais marchent peu 25%.

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Les élèves romands du primaire se rendent nettement moins souvent à pied à l’école. Chez les 6-12 ans, la part des déplacements à pied a fortement chuté en Romandie et est passée de 68% à 57%. La Suisse alémanique recule aussi de 72% à 68%.

Et ce après une augmentation du même ordre de grandeur de ce pourcentage en Romandie entre 2000 et 2005. Une des raisons possibles évoquées pour l’augmentation était à l’époque les nombreuses activités organisées en faveur des déplacements à pied jusqu’à l’école. Même si ces efforts se sont poursuivis depuis, on a enregistré un net recul. Les déplacements à pied chez les 6-9 ans ont été principalement remplacés par des trajets en transports publics et en voiture chez les 10- 12 ans.

On peut supposer que la centralisation des lieux de formation dans les différents cantons a rallongé les trajets scolaires et que les trajets à pied ont été remplacés par des déplacements avec les transports publics et en partie par taxi familial. Dans la mesure où cette hypothèse est exacte, cela montrerait que les importants changements structurels pourraient remettre en question les effets positifs des campagnes

En Romandie, nette croissance des parts des trajets effectués à pied et en transports publics et diminution concomitante des trajets motorisés chez les jeunes. Suite à cette évolution les deux régions linguistiques se rapprochent lentement. On a toujours de grosses différences au niveau du vélo : en Suisse romande, avec une part de 5.5%, on roule environ deux fois moins à vélo qu’en Suisse alémanique (11%).

Par contre, les enfants de moins de 15 ans se déplacent beaucoup plus de manière motorisée en Romandie. Chez les jeunes de plus de 16 ans, on n’a que peu de différences au niveau du TIM surtout en raison du fort recul de la part correspondante chez ce groupe d’âge en Romandie.

Mobilité des enfants et adolescents Evolution de 1994 à 2010 PDF de 160 pages en allemand avec un résumé en français et en anglais Table des matières et résumé en français