Le langage comme levier pour susciter la transition de la mobilité

Recommandations pour rééquilibrer les discours traitant de sécurité routière

Bruxelles – Piétonnisation des grands boulevards ( + place de Brouckère et place de la Bourse) 5 hectares. Avant l’aménagement définitif de 2018 (Rue de l’Avenir)

Mobilité Piétonne Suisse s’inscrit dans un courant de réflexion global sur le rôle du langage dans le traitement de la mobilité et en particulier de la sécurité routière, avec une attention spécifique sur la manière de se référer aux personnes à pied.
L’enjeu consiste notamment à remettre en question certaines formulations courantes sur la forme et le fond dans les textes et débats consacrés à la thématique.

Les discours sur la mobilité contribuent à façonner des représentations de faits et de situations nécessairement subjectives puisque limitées par le langage, tant par la manière dont ils sont formulés, que par les éléments qui sont mentionnés ou omis. Les représentations qui en découlent construisent un système qui contraint le champ des possibles dans la recherche de mesures pour limiter les dangers que représentent la circulation routière dans les espaces où se déroulent les activités humaines. Elles influencent les acteurs politiques dans leurs prises de décisions et les usager∙ère∙s de la route dans leur comportement.

La présente prise de position s’adresse aux médias, institutions publiques (confédération, cantons, communes), associations et à tous les acteurs de la mobilité et de la sécurité routière ainsi qu’au grand public. Mobilité piétonne Suisse invite à prendre conscience que les choix de formulation ne sont pas neutres et formule quelques recommandations pour l’illustrer.

Enjeux

Les professionnel·le·s de la mobilité et les médias jouent un rôle majeur dans la formation des opinions publiques. La manière dont les piétons, y compris lorsqu’ils sont victimes de collision avec des véhicules sont décrits dans les médias, a une influence significative sur le comportement et les politiques relatives notamment aux déplacements à pied.

Cela a donc également un effet sur le succès des politiques de sécurité routière mises en place pour protéger les êtres humains et sur la promotion des modes de transport actifs que sont la marche et le vélo, politiques vers lesquelles tendent toutes les communes aujourd’hui. L’observation des titres d’articles de journaux ou de sujets radio TV traitant de sécurité routière, courts et accrocheurs, faisant référence à des piétons illustre bien la problématique (…)

Recommandations

Pour adopter un discours plus équilibré en matière de sécurité routière, Mobilité piétonne Suisse recommande aux médias / milieux actifs dans la sécurité routière les principes de rédaction suivants ;

  • Mentionner l’agent (responsable) dans les titres de presse et les articles.
    Au lieu de « Le piéton renversé mardi est décédé. »1, préférer « Le piéton renversé mardi par un·e automobiliste est décédé ».
  • Utiliser l’actif dans les titres et articles de journaux / documents traitant de sécurité routière.
    Au lieu de « Un piéton grièvement blessé par une voiture », préférer « Un·e automobiliste blesse grièvement un·e piéton·e ».
  • Utiliser, lorsque possible, le mot « collision » ou des formulations alternatives qui mettent en contexte plutôt que « accident » dans les articles / textes traitant de sécurité routière lorsqu’ un·e automobiliste heurte un piéton.
    Au lieu de parler d’« un accident », préférer le terme  » collision »  qui inclut également l’agent. « Alors qu’une personne conduisait son véhicule sur la rue XY, elle est entrée en collision avec une personne qui marchait sur le trottoir/traversait ..

Source : Prise de position 1/23 de mobilité piétonne Suisse  » Peser ses mots quand on parle de la marche.  Recommandations pour rééquilibrer les discours traitant de sécurité routière « . 1_23_Discours-securitaire