Paris va affecter à d’autres usages la moitié des places de stationnement

Aujourd’hui, 50 % de l’espace public est occupé par la voiture, alors qu’elle ne représente plus que 10 % des déplacements et génère beaucoup de pollution. L’objectif : transformer la moitié des places de stationnement – soit environ 60 hectares – pour les consacrer à d’autres usages : agrandissement et aménagement des trottoirs, pistes cyclables, nature en ville, etc. C’est dans cette optique qu’ont été lancés les États généraux du stationnement en octobre dernier.
Aujourd’hui, à l’issue de cette vaste consultation, Paris lance la réforme du stationnement. D’abord en priorisant le stationnement en surface pour les publics prioritaires (personnes en situation de handicap et professionnels) et en adaptant ses tarifs. Ces nouvelles mesures ont été votées au Conseil de Paris de juillet 2021.

Des nouveautés pour les publics prioritaires

La Ville de Paris s’est donnée les objectifs suivants pour les prochaines années.

Pour les particuliers

Stationnement pour les personnes en situation de handicap.

Stationnement pour les personnes en situation de handicap. Christophe Belin / Ville de Paris

  • 1 000 nouvelles places de stationnement pour les personnes à mobilité réduite (PMR). Au total, 5 500 leur seront réservées à terme sur le territoire parisien. Progressivement, les places PMR en sous-sol deviendront gratuites.

  • 2 400 bornes de recharge électrique sur voirie et 6000 en sous-sol ainsi que 10 hubs de recharge rapide.

  • Un plan de stationnement vélo sera présenté à l’occasion du plan vélo 2 d’ici la fin de l’année 2021, avec une attention particulière portée au stationnement sécurisé.
  • Le stationnement est gratuit pour les véhicules basses émissions. Cette gratuité concerne également les deux-roues motorisés électriques.
  • Tarif réduit pour les petits rouleurs en sous-sol.

Création de plus de 2000 places pour les professionnels

Aire de livraison temporaire.

Aire de livraison temporaire Photo Christophe Belin / Ville de Paris

  • Création de 1 000 places vélos-cargos.

  • Création de 1 000 places de livraison supplémentaires, portant leur nombre total à 10 600.

  • Création de 100 emplacements de taxis supplémentaires.

  • Gratuité pour les détenteurs d’un droit de stationnement à tarif préférentiel PRO Mobile maintenue jusqu’au 1er octobre pour atténuer l’impact financier du Covid-19.
  • Droit PRO Mobile désormais ouvert aux professionnels de grande couronne à partir du 1er octobre 2021.
  • Les personnels soignants en activité libérale se déplaçant pour des soins à domicile disposent d’un droit de stationnement PRO SAD. Ce droit leur permet d’avoir la gratuité du stationnement à Paris. Les professionnels détenteurs d’un droit PRO Sédentaire bénéficient du même tarif que les résidents.

Une tarification et des conditions qui évoluent

Dès le 12 juillet 2021, les tarifs et / ou les conditions de stationnement évoluent pour les résidents , les professionnels , et les visiteurs. Retrouvez les détails de ces évolutions ci-dessous.

Le stationnement de surface reste payant, du lundi au samedi de 9h à 20h, hors jours fériés. La redevance est toujours fractionnée par tranches de 15 minutes. Les 2 zones tarifaires restent identiques et une zone spécifique aux Bois est créée :

  • Zone 1 : 1er au 11ème arrondissement

  • Zone 2 : 12ème au 20ème arrondissement

  • Zone tarifaire spécifique : bois de Boulogne et de Vincennes

Pour les « visiteurs », le stationnement reste autorisé dans la bande de stationnement payant jusqu’à 6 heures consécutives au même emplacement (particularité pour les bois le samedi)

12 juillet 2021 : droit « résident » unique

Voitures garées dans une rue.

Stationnement résidentiel Guillaume Bontemps / Ville de Paris

À partir du 12 juillet, un même usager (mêmes nom, prénom, adresse parisienne et compte personnel Mon Paris) peut souscrire un seul droit de stationnement à tarif préférentiel « résident ».

Si à cette date, il dispose de plusieurs droits « résident » en cours, ceux-ci restent en vigueur jusqu’à leurs dates d’échéance.

Il sera impossible de renouveler un droit « résident » échu si d’autres droits « résident » sont encore en cours pour le même usager. Il sera en revanche possible de transférer gratuitement un droit « résident » en cours sur un véhicule précédemment doté d’un droit « résident » désormais échu.

Le droit résident unique permet de libérer des places supplémentaires sur la voirie.
L’offre en sous-sol auprès des bailleurs sociaux et des concessionnaires de la Ville est une alternative intéressante, notamment pour les petits rouleurs.
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1er janvier 2022 : tarification pour les deux-roues motorisés

Stationnement de scooters et de motos

Le stationnement de scooters et de motos va devenir payant Christophe Belin / Ville de Paris

Sur la voie publique

  • Création de 5000 places pour les 2RM

  • La possibilité pour les 2RM de se garer sur la bande de stationnement est conservée.

À partir du 1er janvier 2022, les deux-roues motorisés (2RM) payent une redevance lorsqu’ils stationnent sur la voie publique, dans les emplacements dédiés au stationnement 2RM ou dans la bande de stationnement payant.

Sont concernés les motos et scooters thermiques. Les 2-roues électriques sont exonérés de la redevance selon les conditions précisées ci-dessous. (les véhicules à 3 roues sont quant à eux considérés comme Véhicules Légers)

Le tarif de cette redevance correspond à la moitié de celle payée par les véhicules légers.
Des droits de stationnement à tarifs préférentiels sont proposés aux résidents et professionnels, à l’instar de ceux qui existent pour les véhicules légers.

Ces droits seront proposés quelques semaines avant l’entrée en vigueur de cette disposition sur une page dédiée qui sera prochainement créée.

À noter : compte tenu du droit « résident » unique, si un usager dispose déjà d’un droit « résident » pour son véhicule léger (personnel ou de fonction), il est impossible de lui délivrer un autre droit « résident » pour son 2RM. Toutefois, un transfert gratuit du droit « résident » du VL au 2RM est possible.

En l’absence de paiement de la redevance de stationnement, un Forfait Post-Stationnement (FPS) est établi. Son montant correspond à la moitié du FPS appliqué aux véhicules légers, soit 37,50 € en zone 1 et 25 € en zone 2 et dans la zone spécifique « Bois ».

Infographie Le Parisien sur Twitter

Pour les 2RM basses émissions

Les 2RM électriques bénéficient de la gratuité du stationnement de surface, dans les emplacements dédiés 2RM et dans la bande de stationnement payant, à condition de :

Les trottinettes électriques homologuées route donc immatriculées sont également soumises à ces dispositions.

En l’absence de droit « VBE » et de ticket valides, un Forfait Post-Stationnement (FPS) est établi. Son montant correspond à la moitié du FPS pour les véhicules légers, soit 37,50 € en zone 1 et 25 € en zone 2 et dans la zone spécifique « Bois ».

Pourquoi faire payer les deux-roues motorisés (2RM) ?

Par équité entre les usagers, quel que soit le type de véhicule utilisé, et pour les inciter à utiliser un véhicule peu ou pas polluant. Également, pour mieux gérer la place utilisée pour le stationnement des 2RM.

À noter que les 2RM électriques bénéficient de la gratuité du stationnement de surface, à condition de disposer d’un droit spécifique et de prendre un ticket virtuel gratuit.

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Extraits des États généraux du stationnement

(..)

Rendre les mobilités douces et partagées plus accessibles

Pour inciter à utiliser des alternatives à la voiture individuelle dans le cadre personnel et professionnel, l’offre de mobilités partagées doit être davantage lisible et accessible.
  • Ces offres de mobilités partagées doivent être économiques (incitation tarifaire au renoncement à un véhicule personnel, abonnements accessibles aux offres de mobilités douces et partagées,) mais également pratiques, en étant facilement repérables et accessibles sur l’espace public. Les conditions d’accessibilité des personnes en situation de handicap aux modes partagés, avec ou sans chauffeur, doivent être garanties, en premier lieu concernant les transports en commun et le service « Paris aide à la mobilité » (PAM) ».
  • La réduction du nombre de places de stationnement en surface doit avant tout bénéficier au stationnement et à la circulation des mobilités douces et/ou partagées, avec une signalétique renforcée et un contrôle intense.
  • Des « hubs intermodaux » devraient être généralisés dans les lieux stratégiques de la ville, par exemple près des gares, avec un accès simple et sécurisé.
  • Il est indispensable que le moyens numériques pour permettre l’accès en temps réel à l’ensemble de l’offre de mobilités partagées sur le territoire soient effectifs et accessibles.
  • La visibilité des modes de mobilités partagées doit être fortement renforcée par une communication active de la Ville de Paris en faveur de l’autopartage et des mobilités douces et partagées.

Paris 20e : rue Saint-Blaise

Réorienter le stationnement résidentiel en sous-sol et sanctuariser la surface pour les autres modes

Le stationnement résidentiel parisien doit être largement orienté vers les parkings souterrains, privés ou publics, par le biais d’incitations tarifaires, d’un cadre réglementaire et d’une communication forte de la Ville auprès des résidents.
Les places de stationnement en surface devraient être réadaptées (maillage, périmètre, équipement) et réservées aux personnes en situation de handicap, aux aires de livraison et au stationnement professionnel, aux pistes cyclables et stationnement de vélos, et aux véhicules propres et partagés.
Dans ce cadre, l’équipement d’un grand nombre de places en bornes de recharge électrique devrait être facilité et généralisé (en sous-sol comme en surface). Pour être efficace, cette nouvelle organisation de la voirie doit s’appuyer sur une nouvelle signalétique plus explicite, la mise à disposition d’une information en temps réel sur la disponibilité et l’usage des places et un contrôle fort de la part des autorités.

Mettre en œuvre un véritable code de la rue parisienne

La densité urbaine et la cohabitation des nouvelles mobilités ainsi que des usages intenses au sein de l’espace public parisien créent un climat anxiogène et accidentogène pour l’ensemble de ses usagers, notamment les plus vulnérables (seniors, enfants, personnes à mobilité réduite…). Cet état de fait rend l’instauration d’un véritable « code de la rue » nécessaire.
  • Il sera complémentaire au code de la route. Différents principes devraient y être rappelés ou instaurés (principe de prudence, droit à la sécurité, inclusivité, etc.) et ce code devrait faire l’objet d’une vaste campagne de promotion afin de sensibiliser l’ensemble des Parisiens à ces bonnes pratiques, tous modes de transport confondus.
  • Pour assurer son bon respect, ce code devrait être doublé d’une signalétique distinctive forte au sein de l’espace public, afin de mieux délimiter les usages réservés sur telle ou telle voie ou place de stationnement.

Renforcer la végétalisation dans les rues

Coulée verte René Dumont

Les bénéfices escomptés de la végétalisation des rues parisiennes sont importants. Elle permettra de :

  • rafraîchir la ville lors des pics de chaleurs qui seront de plus en plus nombreux avec le réchauffement climatique ;
  • réduire la pollution ,
  • réduire le stress hydrique notamment en période de forte pluie ;
  • de façon générale, les essences choisies doivent être basses et résilientes face aux nuisances urbaines (stress hydrique, pollution) ;
  • les techniques de végétalisation devront reposer sur une vision micro-locale, adaptée aux environnements urbains très hétérogènes à l’échelle de la capitale ;
  • l’accès à l’eau, l’accompagnement de proximité de la part des services de la Ville, ainsi que l’implication des habitants dans une dynamique collective d’entretien et de long terme constituent les conditions sine qua non de la pérennité et de la viabilité de ces nouveaux espaces végétalisés.

Lien vers États généraux du stationnement