Une coalition diversifiée de 17 ONG européennes et internationales demande à la Commission européenne de s’engager en faveur du transfert modal et de fixer des objectifs pour augmenter la part de la marche, du vélo et des transports publics dans les centres urbains dans la future « stratégie de mobilité durable et intelligente » et son plan d’action de 82 initiatives.

En effet dans sa stratégie de mobilité durable et intelligente le projet de la Commission européenne fait l’impasse sur l’écomobilité (marche, vélo et transports publics hors lignes à grandes vitesse).

M. Frans Timmermans, vice-président exécutif de la Commission européenne,
Mme Adina Vălean, commissaire européenne aux transports

Bruxelles le 1er décembre 2020

Stratégie de mobilité durable et intelligente
Faire de la marche, du vélo et des transports publics les principaux modes de transport dans les zones urbaines fonctionnelles d’ici 2030

Alors que vous êtes sur le point de lancer la stratégie pour une mobilité durable et intelligente, il est intéressant de se pencher sur le dernier livre blanc sur les transports de 2011. Sa principale synthèse – « Réduire la mobilité n’est pas une option » – a été traduite en une série d’objectifs stratégiques, dont « l’élimination progressive des voitures à carburant conventionnel dans les villes d’ici 2050 ». Ce qui semblait alors ambitieux apparaît aujourd’hui comme le strict minimum. Le monde et notre compréhension de la crise climatique ont considérablement évolué, ce qui rend d’autant plus urgent l’élaboration d’une nouvelle vision du futur système européen de mobilité, compte tenu également de la pandémie COVID-19 et de la crise économique. Les défis climatiques, COVID-19 et économiques doivent être relevés en accordant la priorité à la marche, au vélo, aux transports publics ainsi qu’aux services de mobilité partagés dans toutes les politiques concernées ainsi qu’aux décisions de financement afin d’en faire les principaux modes de transport dans les zones urbaines fonctionnelles d’ici 2030.

Ce changement de paradigme dans le système de transport européen est très nécessaire car les développements fondamentaux vont toujours dans la mauvaise direction. Les émissions de GES dans les transports continuent d’augmenter1, les niveaux de pollution atmosphérique contribuent à 379 000 décès prématurés2, la réduction du nombre de décès sur les routes est insuffisante3, une grande partie de la population de l’UE manque systématiquement d’activité physique4 et

La congestion est trop importante, les choses doivent changer. La promesse de s’appuyer principalement sur des solutions technologiques pour les véhicules et de rendre le système de transport plus « intelligent » grâce à la numérisation et à l’automatisation n’a pas été tenue dans le passé et ne le sera pas non plus à l’avenir si elle n’est pas étendue et complétée par un ensemble différent de politiques.

Les signataires souhaitent que cinq recommandations clés soient intégrées dans la stratégie :

  1.  Donner sans équivoque la priorité à la marche, au vélo, aux transports publics et aux services de mobilité partagés plutôt qu’au transport individuel motorisé, en particulier dans les zones urbaines fonctionnelles ; s’engager par conséquent à procéder à un transfert modal et fixer des objectifs pour accroître la part de ces modes ;
  2.  Faire de l’amélioration de la sécurité routière pour les usagers actifs de la mobilité une priorité pour la prochaine décennie, notamment en s’attaquant en permanence aux risques inhérents à la sécurité des véhicules motorisés par la gestion de la vitesse, l’élimination de l’alcool au volant et la lutte contre la distraction des conducteurs ;
  3. Renforcer le contexte de la politique de mobilité urbaine, en augmentant non seulement le financement de l’UE pour les plans de mobilité urbaine durable, notamment par le biais de la facilité de relance et de résilience, mais aussi la collecte d’informations afin de mieux mesurer l’impact des politiques et des investissements ;
  4. Intégrer les infrastructures pour la marche et le vélo dans les projets d’infrastructure financés par l’UE, y compris le RTE-T, afin de rendre tous les investissements de l’UE dans le secteur des transports résistants au climat et à la qualité de l’air ;
  5. Réduire les coûts externalisés du transport motorisé et appliquer systématiquement le principe du pollueur-payeur et celui de l’utilisateur-payeur.

Selon les propres données de la Commission, les externalités négatives du transport motorisé s’élèvent à 800 milliards d’euros par an. Il s’agit d’une dépense qui mérite d’être traitée en donnant la priorité aux investissements dans les modes actifs ainsi que dans les transports publics. Comme la pandémie COVID-19 et son impact sur la mobilité quotidienne de millions de citoyens européens l’ont illustré plus clairement que jamais auparavant : la réduction du nombre de voitures circulant dans les rues des villes est peut-être la mesure la plus importante pour réduire les émissions de GES et de polluants nocifs pour la santé dues au transport, améliorer la qualité de l’air et la qualité de vie en redonnant aux citoyens européens un espace public rare et précieux.

La technologie doit faire partie de la solution, mais elle n’est pas une fin en soi. Les signataires reconnaissent l’intérêt de remplacer les voitures à moteur à combustion interne par des voitures électriques, dans les zones rurales comme dans les centres urbains, mais soulignent que le nombre total de voitures, en particulier dans les villes, doit diminuer. Nous adoptons pleinement les nouvelles technologies telles que les vélos électriques intelligents et connectés, les vélos de fret électroniques et les bus électroniques et nous nous félicitons des investissements dans des infrastructures modernes (numériques et physiques) intégrant tous les modes de mobilité active et partagée. Les vélos électriques, qui ont déjà connu un essor sans précédent ces dernières années, devraient quintupler leurs ventes d’ici 2030, créant ainsi des dizaines de milliers d’emplois dans l’industrie, le commerce de détail et les services. Il convient de souligner que chaque euro dépensé pour les infrastructures de mobilité active crée plus d’emplois que des dépenses similaires pour les voitures et les routes.

Les villes ont été et seront des acteurs essentiels de ce changement. Elles sont le premier front du processus d’innovation qui se produit dans le secteur de la mobilité avec les changements émergents de la « nouvelle normalité ». Avec l’apparition de nouveaux comportements et de nouveaux schémas de mobilité, la sécurité routière prend une nouvelle dimension dans les accidents et les blessures. Il est d’une importance cruciale que cet aspect ne soit pas négligé lorsqu’on se fait le champion d’une mobilité durable et intelligente. Il est également essentiel de rendre la mobilité active sûre.
Pour le système de transport européen, le choix ne consiste pas à freiner ou à ne pas freiner la mobilité. La véritable question est de savoir si tous les citoyens ont accès à une mobilité propre, sûre et abordable, avec des avantages pour le climat et la santé. Le test décisif consiste à savoir si les enfants des écoles primaires peuvent se déplacer dans leur ville, village ou cité comme le faisaient les générations précédentes ; si les enfants de 12 ans peuvent se rendre à l’école en vélo de manière autonome et sûre ; si les employés peuvent choisir un bus, un tramway ou un métro à émission zéro pour se rendre sur leur lieu de travail et si les citoyens ne doivent pas compter sur la voiture.

La mobilité est une question de choix. L’UE doit mettre en place le cadre approprié pour que les personnes et les entreprises puissent faire des choix véritablement durables. Nous sommes ici pour aider la Commission dans sa quête d’une mobilité durable et intelligente.

Notes de bas de page:

1 Transport : l’augmentation de la consommation de pétrole et des émissions de gaz à effet de serre entrave les progrès de l’UE vers les objectifs environnementaux et climatiques – Agence européenne pour l’environnement (europa.eu)
2 Amélioration sensible de la qualité de l’air en Europe (europa.eu) ; rapport 2020 de l’Agence européenne pour l’environnement – Pollution atmosphérique
3 La mortalité routière dans l’Union européenne – dernières données | ETSC
4 Statistiques sur l’activité physique bénéfique pour la santé – Explication des statistiques (europa.eu)

Suivent 18 signatures

Les piétons et les cyclistes oubliés par la Commission européenne !

Pour aller plus loin

Pour mémoire

  • T&E Transports et environnement est la faitière européenne de l’ATE
  • La Fédération internationale des piétons est la faitière internationale de Mobilité piétonne
  • La Fédération européenne cycliste (ECF) est la faitière européenne de Pro Vélo